On continue avec les lectures de plage imprévues. Ici, un essai de Pierre Senges sur la cartographie des lieux imaginaires qui me semblait bien coller après la lecture des Jardins Statuaires. Mais en fait, rien ne colle après les Jardins, c'est un problème assez pénible qui fait que je viens de poser un Oates et que je galère à entrer dans l'Été 36 puisque mon esprit est encore ailleurs et que mon cerveau s'est habitué à un niveau de langue vraiment plus élevé que ce que je pourrais lire au vu de ma PAL de vacances. Bon, on va survivre hein, et la chaleur et la flemme m'aident à ne pas courir à la librairie la plus proche pour chercher les autres romans d'Abeille. Je les commanderai sagement à mon retour à Paris et vais retourner sur la plage plutôt que d'aller transpirer en centre-ville. En plus en ce moment c'est la Saint-Louis, en ville c'est le souk. Bref, voilà que je commets l'exploit de continuer à parler des Jardins Statuaires dans un billet qui ne les concerne absolument pas, à ce niveau vous avez soit acheté ce roman soit retiré mon blog de vos flux RSS. Restez, restez, y'a des cookies.

Bon, donc, Environs et mesures. Ce premier paragraphe un peu hors-sujet vient de ma difficulté à parler de cet essai auquel ... euuh... je crois que je n'ai pas compris grand chose. En tout cas, je n'ai pas compris le but de l'auteur, si ce n'est se montrer assez méprisant avec les doux rêveurs qui ont voulu trouver sur terre les emplacements des lieux décrits dans les romans. Je comprends bien que c'est une démarche qui peut sembler inutile, voire excessivement terre à terre. Personnellement, il m'importe peu de savoir exactement d'où est parti don Quichotte, où Ulysse a erré ou quel est l'emplacement exact du Paradis. Mais je ne pense pas qu'on puisse tout de même être si dur avec des géographes qui ont aidé à découvrir le monde. Parce que sans cette soif de matérialisation des lieux, il me semble que peu d'explorateurs auraient quitté leur chambre pour partir à l'assaut des mers. Alors bien sûr, à notre époque il est facile de railler ces «bibliothécaires» comme il les appelle qui préfèrent voyager sur des cartes depuis chez eux plutôt que d'explorer eux-même de nouveaux espaces. Bien sûr, aujourd'hui, si je veux voir Mycènes ou Troie je prends un avion et j'y suis en deux heures, avec un jus de tomate et un paquet de biscuits (sucrés ou salés ?). Mais cela n'a pas toujours été ainsi !

Dans de nombreux passages, Pierre Senges raille des chercheurs qui acceptent les interventions divines et les Cyclopes, mais pas de ne pas savoir où se trouve l'île de Circée. Mais est-ce que ce n'est pas merveilleux de partir sur les traces de ses héros et de penser parvenir à les retrouver ? Le lecteur d'aujourd'hui participe à des «Da Vinci Tour», des «Millenium Tour»... mais moi j'ai adoré en visitant Versailles me souvenir des scènes des Trois Mousquetaires et de leurs emplacements ! Et me promener dans les rues de Vérone et voir le soi-disant balcon de Juliette ! Non, je n'y croyais pas. Non, je n'ai rien acheté, refusé de payer quoi que ce soit. Mais ces recherches ne sont-elles pas un moyen de prolonger un plaisir de lecture ? «Oh Roméo, mon Roméo, pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer et je ne serai plus une Capulet» c'est beau écrit comme ça. Mais prononcé dans une ruelle à Vérone, à mi-voix... C'est autre chose.

Sans compter les moments où les chercheurs n'ont absolument pas idée que les lieux puissent être imaginaires : ils ont cherché le Paradis, l'Enfer, l'Eldorado en y croyant sincèrement ! Vous auriez dit, vous, au Moyen-Âge, «non non ne cherche pas le Paradis, tartouille, ça n'existe pas!» ? Moi je trouve ça beau, cette recherche dans le vaste monde des lieux imaginaires. Et même si ça fait mesquin parfois, ça me touche. Alors voilà, je ne suis pas d'accord avec Pierre Senges. Encore heureux, sinon je n'aurais vraiment rien eu à dire.
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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