Partant de la page, puis augmentant de plus en plus son point de vue, du lit à la chambre, puis à l'appartement, à l'immeuble, la rue, le quartier, la ville, la campagne, le pays, l'Europe, le monde et l'espace, Georges Perec parle des espaces et de notre place à l'intérieur.
C'est brillant, comme à chaque fois avec Georges Perec, c'est parfois amusant ("Longtemps je me suis couché par écrit" attribué à Parcel Mroust, en ouverture de son chapitre : Le lit). Il joue avec les codes de la mise en pages, avec les citations, avec le mot "espace", enfin bref, tout en faisant un exercice stimulant et instructif, il joue et nous avec.
"Bref, les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés. Il y en a aujourd'hui de toutes tailles et de toutes sortes, pour tous les usages et pour toutes les fonctions. Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner." (p.15/16)
Belle définition que j'aurais pu mettre en exergue de mon article, c'est la première que j'ai notée et retenue. Le reste, ce n'est que du plaisir. On repère les contraintes que l'auteur se donne pour écrire son œuvre, les envies d'écrire tel ou tel livre. Même lorsqu'il évoque des choses banales, de la vie courante, il est intéressant. Une série de verbes pour définir telle ou telle action ou des gestes du travailleur, des descriptions de scènes courantes qui paraissent simples mais à chaque fois, il y a la patte de Perec et là on se dit que la simplicité, en écriture, ce n'est pas le plus facile à faire. Qu'il y a des écrivains qui font ça bien et qu'il y a Perec.
J'ai découvert Perec avec Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, j'ai continué, forcément, chaque année, je tente d'en lire au moins un de plus, entre ses romans, ses essais ou récits et ses inclassables comme Espèces d'espaces, ou ses conférences comme Ce qui stimule ma racontouze. Chaque fois, c'est un régal, pourquoi m'arrêterais-je ?