Et c’est ainsi que nous vivrons est un roman à plusieurs consonances de Douglas Kennedy. Son point de départ est la sécession entre l’Amérique démocrate et républicaine. Un postulat probable quand on voit la division américaine actuelle entre ses citoyens, les oppositions répétées entre une extrême droite sûre de ses arguments capitalistes et chrétiens et une droite souhaitant le retour à la tolérance, au progrès social et à la modernité. L’auteur, en projetant cet effondrement, dresse aussi les dérives sur l’individu potentiellement plus surveillé et moins libre. L’autre versant du contexte sociologique de Et c’est ainsi que nous vivrons, c’est le métier d’espionne de Sam Stengel, personnage principal et narratrice du roman. Douglas Kennedy ne se contente pas d’une immersion dans un groupe d’espionnage ( avec une mission bien particulière où Sam doit éliminer sa demi-sœur Catlin, espionné confédérée). En effet, il décrit une femme à la quarantaine seule mais lucide sur son environnement professionnel en particulier et les relations humaines en général. Ce qui est intéressant lors de cette mission est que la femme et ses raisons va prendre le dessus sur la discipline et les obligations de l’espionne. Ce facteur humain incontournable car tout individu aspire au désir et à l’accomplissement d’un amour partagé. Douglas Kennedy n’innove pas complètement en décrivant les états d’âme de son personnage, mais le glissement dans la trajectoire de Sam Stengel est emblématique d’une génération milléniale en ayant vraiment ras le bol de là dématérialisation et de cet ultra consumérisme. Ce qui a été aussi appréciable, c’est de lire un roman plutôt vivant, où le cadre compte autant que l’approche psychologique et où en tant que lecteur, vous n’avez pas ressenti d’ennui mais juste l’envie de voir où cette histoire pouvait vous mener. À découvrir donc d’urgence!