Le philosophe fait de l'analyse littéraire, pour en faire de l'extrapolation philosophique, psychologique et sociale.
De très beaux morceaux d'écriture, dans ce livre intéressant.
Cependant, il est aussi par moment fouilli, obscur voire même hors sujet.
La partie sur 'la princesse de Clèves' donne une très bonne entame pour le livre.
Elle est bien écrit, s'appuyant sur le livre initial et en expliquant les différentes péripéties (pas besoin d'avoir lu le livre... ou comme moi, de s'en rappeler dans les détails).
Ici l'auteur nous fait toucher du doigt à la fois l'universalité et l'incongruité de cette histoire, et de la position des personnages.
On regrettera une tirade sur l'Europe, émettant des plates et stupides généralités sociologiques sur la population européenne (dont l'uniformité sur le domaine de l'amour et des relations personnelles est questionnable). Un bon éditeur aurait sans doute demander à couper cette partie.
Puis, on arrive sur l'oeuvre de P. Roth. Avouons que n'ayant pas lu l'oeuvre référente de cette partie, j'ai été perdu. J'ai l'impression que dans tout ce chapitre, le nom de Roth n'est pas cité et que le roman pris en exemple est autobiographique. En fait, rien n'est clair dans cette partie, confusion entre l'auteur et le personnage, le propos de F. sur l'amour, le lien avec le thème.
Bien que moderne (années 70), l'oeuvre ou le propos, me semble plus dépassé que la Princesse de Clèves.
Au final, c'est un peu dépité qu'on finit sur ce chapitre; et Roth ne rentrera pas dans ma liste des auteurs à lire.
Par contre, Bergman que je ne connaissais qu'en tant que scénariste, apparaît comme un auteur fin, puissant et qui doit être lu. F. reprend deux livres que celui-ci a écrit sur ses parents, leur rencontre, leur amour et leur désunion.
Et bien que cela date maintenant d'un siècle, que cela soit spécifique au contexte culturelle de l'époque et de la position dans sa famille (père: prêtre, famille de sa mère : bourgeoisie début du siècle), les relations et les réactions sont elles intemporelles, humaines dans le sens le plus grand. De fait, on ressent de l'empathie, de la compréhension de ce lien d'amour.
Il est aussi amusant que pendant la lecture de ce livre, je regardais aussi la série 'en thérapie'... et l'une des scènes semble être une copie d'une scène de l'oeuvre de Bergman, tant elle reste d'actualité.
Puis, le livre finit sur Kundera.
Et là commence mon questionnement sur la qualité du livre.
Il est sûr que si on parle d'amour ou de relation amoureuse, l'oeuvre de Kundera peut être utilisé. Mais comment abordé, son universalité quand Kundera cherche l'individualité des êtres, quand il écrit avec son âme tchèque, sa temporalité.
Ne nous trompons pas, j'aime l'oeuvre de Kundera, mais dans toute son oeuvre, j'éprouve de la distanciation... et il me semble que c'est là sa signature. En effet, dans un pays sous le joug de la dictature communiste, il faut savoir preuve de cette distanciation - sinon, on est dans Kafka, la folie et l'ubuesque.
Et donc même sorti de l'univers carcéral de leur pays, Kundera, ses personnages vivent avec cette légèreté de l'être, voire d'une certaine façon en surface de leur Etre.
A conclure par Kundera, et par la scène ultime de son oeuvre la plus connue, il me semble qu'il y a là un contresens.
Ou alors, au contraire, une volonté de terminer son livre, commencé en disant que l'amour dure quand on ne l'u(tili)se pas - à travers la princesse de Clèves, en affirmant que l'amour dure dans la mort ou dans le néant de l'existence.