Et te voici permise à tout homme par Nina in the rain

La mémoire a certains côtés très problématiques. Elle permet à la fois de se souvenir des adresses des librairies et de garder fiché dans l'esprit une lecture peu appréciée. Éliette Abécassis en a fait les frais. En 2003, je lis Clandestins et je m'ennuie. En 2011, je reçois Et te voici permise à tout homme et je fais la grimace. Ça tient presque du réflexe de Pavlov. Abécassis, beuuuuuh, Oates, ouaaaaah par exemple. J'essaye de chercher des écrivains pour lesquels j'aurais pu ne pas aimer un premier roman et aimer le second (dans l'ordre de lecture, pas forcément d'écriture) mais je me rends compte que je suis une sale lectrice têtue qui revient rarement sur de mauvaises expériences. Il y a trop de bons romans dans le monde pour risquer une seconde déconvenue.

Pourtant, ici, je suis assez contente d'avoir persévéré. Même si je n'ai pas été embarquée dans le roman comme j'aime l'être, j'ai apprécié ma lecture. Certains passages sont insupportables, d'autres niais, mais dans l'ensemble et à ma grande surprise, ce n'est vraiment pas désagréable. L'héroïne, Anna, est certes un peu énervante. Mais cet agacement vient principalement de l'emprise de la religion sur sa vie et c'est le sujet du roman : comment cette femme, divorcée, amoureuse d'un autre homme, va se retenir et se punir par peur de la religion.

C'est un thème qui a tout pour mettre mal à l'aise, parce qu'il montre avec force que la religion semble réellement faite pour avantager l'homme sur la femme, même dans le judaïsme pourtant réputé un peu moins misogyne. Toute la question de la répudiation, qui court chez tous les monothéistes, se retrouve dans ce roman. On regrette toutefois les personnages vraiment trop stéréotypés : l'ex-mari infâme, la pauvre femme parée de toutes les qualités, l'ONG merveilleuse, l'homme d'église couard...

Au final je sors assez partagée de cette lecture, entre facilité et plaisir. Je ne suis pas tout à fait certaine que je prolongerai mon expérience avec Éliette Abécassis mais j'en ressors avec une opinion un peu moins négative, ce qui est toujours ça de gagné.
Ninaintherain
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le 27 mars 2012

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