Eveil somnambule

Un homme marche déterminé dans son chemin, la lumière l'a mis en route sans le réveiller. Ses rêves ont commencé à être de plus en plus claires jusqu'à ce qu'ils voient nets des mirages... et qu'il était au beau milieu du désert de la conscience. Ebloui, certes, mais toujours les yeux fermés car analysant juste ses conceptions d'alors : dans les ténèbres toutes les formes du mondes sont des vagues tels des dunes.

Il y aborde sa propre vie, sa conception de l'amour et comment doit être utilisé la puissance psychique ; le diapsalmata avec ses avis sur ses villes et ses remarques de jeune homme éveillé, le journal du séducteur avec ses incartades habituels sur l'amour avec lequel il a du mal à se contrôler, sa première œuvre dans laquelle il pose les bases de sa philosophie "ou bien.... ou bien" le dilemme que tous les hommes ont à faire pour choisir leur vie et enfin "le concept de l'angoisse" avec lequel il donne l'impulsion métaphysique pour arriver au bout de sa pensée.

Au final, cette œuvre, comme beaucoup d'autres, peu importe le domaine, est bonne malgré elle : tenant plus du collage mental que d'un réel système psychologique, et pourtant l'auteur arrive bien à nous tirer d'un point A de philosophie basique à la fin de la pénétration de tous les comportements humains.

On a là bien des étapes sur le chemin de la vie, celle de l'auteur qui nous livre :

- son enfance en s'émerveillant de tous les petits détails de la vie.

- son adolescence quand il essaya de dégager un système de tout ca.

- son début d'âge adulte quand il rencontra les femmes dans des soirées mondaines, qu'il essaya d'y survivre tout en y voyant le sublime

- sa trentaine quand toutes ses rêveries se sont estompées et qu'il ne reste plus que les fils de l'existence sur lesquelles il a marché, s'est vautré et parfois a essayé de jouer la plus belles des musiques avec : maintenant il ne finit que de tisser un manteau avec pour supporter les froids de la compréhension de l'humanité, entre éthique, esthétique et métaphysique, mais surtout, le religieux.

- et même sa future retraite, à Copenhague, ou il réapprendra à s'émerveiller de la vie, en voyant au travers cette fois-ci, s'extasier de l'agencement des ficelles du destin, de comment elles sont tirées.

Kierkegaard a essayé de démêler la pelote de l'existence humaine pour nous permettre de nous en servir comme fil dans notre propre labyrinthe, je dis que s'intéresser à celle de celui-ci dans ce dédale de mots est plus intéressant pour l'apposer sur le notre : un véritable trésor d'étude de cas psychologique servant par mimétisme à nous comprendre nous mêmes, peu importe le stade d'avancement de notre vie.

Dans ce livre il y a qu'un homme et pourtant tout le monde est là, tous les archétypes, tous les grands auteurs, on fait tous la fête dans les yeux pleins d'étoiles d'un seul homme : croyant voir le ciel, il ne voit encore que ses propres représentations même si elles se calquent bien dessus.

Un jour il atteindra l'océan, l'eau le réveillera pour de bon, et verra qu'il atteint la source de toutes chose, mais en même temps prendra peur, "il n'y a donc rien pour les hommes aux origines".

En se retournant pour retrouver sa place lui donnant paradoxalement sa nature mouvante et donc vivante selon le commun, il verra qu'avec l'eau qui le suit dans son sillage, la vraie vie commence à prendre forme : pas celle du mouvement des choses mais celle de l'évolution des êtres.