Le feu du désir et de la purification
Mons Kallentoft aime les météos extrêmes. Après un Hiver particulièrement rigoureux (c'était le premier roman de cette tétralogie saisonnière), voici un Eté monstrueusement chaud. Une chaleur terrible dans la petite ville suédoise de Linköping, ville endormie suite à la désertion de ceux qui peuvent se permettre de partir en vacances.
Nous voici donc dans la deuxième enquête de la commissaire Malin Fors. Le premier roman était plutôt agréable mais sans grande surprise. Celui-là continue dans la lancée : une enquête qui mise sur le réalisme, entrecoupée des commentaires post-mortem de la victime (ces pages ne me semblent pas d'un intérêt transcendant, d'ailleurs).
Le premier avait mis longtemps à débuter, celui-ci est plus rapide : en 30 pages, on est dans le bain (façon de parler). L'histoire se lit rapidement mais n'apporte rien de vraiment génial : agréable, vite lu et, je suppose, vite oublié. L'essence même du divertissement.
Une jeune fille retrouvée nue dans un parc municipal, apparemment violée et "nettoyée", vivante mais ayant tout oublié. Une autre jeune fille portée disparue. Et c'est parti !
Il faut dire que Kallentoft a beaucoup de mal à planter son ambiance. Il avait pourtant de bonnes idées et quelques thèmes récurrents qui, en théorie, auraient pu faire quelque chose de vraiment bien. Ainsi, il insiste tout au long de l'enquête sur la question des préjugés : racisme, homophobie, toute l'histoire s'articule autour des préjugés et des idées préconçues des personnages. Très bonne idée mais qui, finalement, n'aboutit pas à grand chose.
De même, il y a une grande importance du thème de la purification. Les victimes sont nettoyée au produit récurrent pour paraître d'une invraisemblable blancheur. Plusieurs fois le problème de la pureté, de l'extrême propreté apparaît.
Cela est directement opposé au thème du désir, ici incontrôlable, objet de souffrances, de mort.
Et pour représenter tout cela, le feu. Lors de cet été caniculaire, tout semble en feu. Mais surtout, la ville de Linköping est encerclée par un immense feu de forêt, menace constante et omniprésente. Le feu qui représente la force du désir insatisfait, mais qui est aussi un moyen de purification. Un moyen pour détruire l'ancien et préparer la naissance du nouveau.
Et bien, malgré toutes ces bonnes idées, l'ambiance ne décolle jamais vraiment. On navigue entre trop de choses différentes, trop de thèmes. Jamais on n'est vraiment inquiet, malgré les nombreux paragraphes mentionnant le Mal absolu.
il reste une enquête qui se laisse lire sans déplaisir (et c'est peut-être là le défaut majeur : le lecteur n'est jamais vraiment bousculé).