Les critiques d'Etre et Temps (Heidegger, 1927, bientôt cent ans) peuvent être regroupées en trois catégories :
1) la première approche consiste, non pas à critiquer le contenu du livre, mais à critiquer la personne de son auteur. C'est ce qu'on appelle une attaque "ad hominem". Comme disait Paul Valery, "quand on ne parvient pas à attaquer un raisonnement, on attaque le raisonneur". Si je devais transposer cette approche en physique, je rejetterais le principe d'incertitude parce qu'Heisenberg était nazi.
2) la seconde approche consiste à prendre un mot du texte d'Etre et Temps, à lui donner un sens complètement différent de celui qu'il a dans le texte, à laisser de côté tout le reste du texte et à construire un délire (qui n'a plus rien à voir avec Etre et Temps) à partir de ce mot. A nouveau, si je devais transposer cette approche en physique, je qualifierais la mécanique newtonnienne de nazisme ("l'introduction du nazisme en physique") au vu de son recours aux notions de Force, de Puissance et de Travail.
3) la troisième approche consiste à ne pas lire le livre mais à rapporter ce que d'autres en ont dit. C'est une approche très en vogue en journalisme, qui est de ne plus rapporter des faits mais des propos. De cette façon, on ne doit plus s'assurer que les faits sont avérés mais seulement que les propos ont bien été tenus. C'est une forme d'argument d'autorité, autorité de philosophes de plateaux, d'animaux médiatiques . La lecture du texte est alors avantageusement remplacée par l'écoute d'un podcast de France Inter, ce qui est nettement moins fatigant et plus accessible.
Ces critiques distillent l'idée que le texte représente un "point de vue", un "avis", une "opinion", une "vision du monde" ou une "préférence". Etre et Temps est basé sur un raisonnement et ce serait peut-être intéressant que quelqu'un se penche un jour sur ce raisonnement.