Extase de la Raison

Résumé : « Les dix essais qui composent ce volume s’efforcent d’élaborer selon plusieurs biais – l’interprétation du tragique grec, la fonction de l’œuvre d’art, l’institution universitaire, la théorie du temps et de l’histoire, l’idée de manifestation et d’ironie divines – une seule et même problématique d’ensemble : celle de l’achèvement schellingien de l’idéalisme allemand comme système absolu de la subjectivité. Extase de la raison. Cette singulière formule que Schelling élabore à partir de 1820-1821 marque, dans son ambiguïté reconnue, le moment critique où la démarche fondative de la raison en quête d’un premier principe inconditionné se renverse. Placée hors de soi, frappée de stupeur, la raison découvre, à travers l’expérience de l’existence, de la liberté finie et de la temporalité humaine, une nouvelle figure de l’absolu dans son altérité. Et c’était déjà sous le signe de l’“intuition intellectuelle”, et précisément en débat avec Fichte et Hölderlin, que le jeune Schelling, à propos de la tragédie grecque, s’interrogeait sur l’affirmation héroïque et l’auto-abolition du Moi fini. De l’institution intellectuelle à l’extase, à travers une démarche résolue de fondation systématique, tel serait le fil conducteur privilégié ici proposé, pour saisir, par-delà les évidentes métamorphoses de l’œuvre, la continuité d’une pensée qui, centrée sur la liberté finie et son historicité, engage une première critique radicale de la métaphysique classique (ontothéologique), définie comme philosophie négative. »