Nous sommes en 2029 et il y a un peu plus d’un an des aliens ont envahi la Terre et rapidement annihilé 99 % de la population humaine, gardant les 1 % restants comme animaux de compagnie, vêtus de pyjamas pastel en pilou et soigneusement peignés par leurs soins, au plus grand désespoir de Yacine le premier narrateur. Ce dernier est en captivité depuis plus d’un an chez deux spécimens lorsqu’il est rejoint par Rosamonde, récemment capturée alors qu’elle avait réussi à leur échapper pendant des mois. De son côté il est résigné, même si pas dupe, mais pour elle c’est une véritable épreuve. Car ces aliens sont des créatures effrayantes, à mi-chemin entre la fourmi et le phasme mais en bien plus gros, dotés d’une queue de scorpion, de quatre paires de pattes, de griffes tranchantes, de mandibules acérées et d’un dard empoisonné. C’est ce qui fait qu’ils ont balayé la quasi-totalité de l’humanité aussi facilement et aussi rapidement. Leur seule faiblesse ? Une allergie mortelle aux chats ! Qu’ils ont donc massacrés sitôt qu’ils s’en sont aperçus… Sauf qu’un jour Yacine et Rose tombent par hasard sur une portée de quatre chatons. Ils savent que c’est risqué de les garder et ne savent pas encore ce qu’ils vont en faire, mais ils sont d’ores et déjà persuadés qu’il est important de les sauver et d’essayer de s’en servir pour se rebeller contre l’occupant, même si cela ressemble plus à une mission suicide qu’autre chose.
Le roman est écrit comme un journal (de bord), nous lisons en alternance celui de Yacine et celui de Rose, car ils ont chacun rédigé le leur. Il y a de nombreuses notes en bas de pages, qui sont plutôt bien pensées et s’insèrent assez bien dans la lecture.
Il est pour une fois agréable d’avoir une relation fille/garçon sans ambiguïtés et qui ne se termine pas en histoire d’amour, Yacine et Rose sont juste devenus très proches par la force des choses, mais cela reste de l’ordre de l’amitié très forte.
Une belle aventure spatiale bourrée de rebondissements et d’humour. Décidément j’ai l’impression que c’est le nouveau genre qui a le vent en poupe, ne serait-ce que chez Sarbacane où est dernièrement paru « La honte de la galaxie », mais ça n’est pas pour me déplaire. J’avais déjà beaucoup aimé ce dernier mais aussi le premier tome de la série « Aurora Squad » paru en février 2020.
Pour ce volume j’ai été immédiatement séduite par le ton, c’est tout à fait l’humour que j’affectionne. Les deux personnages principaux sont extrêmement attachants, même si j’ai eu tendance à légèrement préférer les passages du journal de Yacine pour son humour justement, même si par contre il utilise un langage assez cash voire franchement vulgaire par moments (mais drôle!).
P9*
Dès 14-15 ans.
Science-fiction
Thèmes : space opera, science-fiction, extraterrestres, anticipation
Sandra
Paris, mai 2029. Les Smnörgasiens, extraterrestres s’apparentant à de gigantesques insectes, ont décimé presque toute l’humanité… épargnant les seuls spécimens ayant de beaux cheveux. Car les Smnörgasiens adorent coiffer leurs humains de compagnie (ils adorent aussi les vêtir de pyjamas en pilou-pilou pastel…). Leur seul point faible ? Les poils de chat. Quand Yacine et Rosamonde, humains de compagnie d’un couple de Smnörgasiens, découvrent une portée de chatons dans un vieux local, ils vont se trouver embarqués dans un dangereux périple, au bout duquel les attend une coalition militaire et civile prête à en découdre.
Alors voilà, on a affaire à un roman original à bien des niveaux : Félicratie est un récit de science-fiction post-Apocalyptique présenté sous forme de journaux de bord (on a principalement accès aux points de vue de Yacine et Rosa). L’intrigue tout comme l’écriture sont loufoques et vraiment drôles. Les quatres personnages centraux sont sympathiques, pour certains carrément badass, même s’ils manquent parfois de consistance.
Quelques points viennent cependant noircir le tableau, à commencer par des longueurs de plus en plus récurrentes au fur et à mesure du récit. Pas facile de rendre compte de scènes d’action dans des journaux intimes, tout en y faisant évoluer les différents personnages ! Le roman porte aussi une incohérence de taille, puisque le dénouement repose sur cette incohérence… [ALERTE SPOIL] Au début du roman, on apprend que les Smnörgs sont des ovipares, le foyer de Yacine comportant un nid plein d'œufs (c’est grâce à leur rôle couveur que le jeune homme différencie ses “maîtres”). Or, le dénouement se produit à la mort de la reine Smnörgasienne, à propos de laquelle il est spécifié qu’elle est la seule pondeuse de son espèce… A cela s’ajoute une quantité non négligeable de coquilles, notamment sur le nom des extraterrestres, successivement orthographié Smörgasien, Smnörgasien, Smnörgarsien…
Pour finir sur un point positif, Félicratie, sous son ton facétieux, interroge les sujets de la colonisation, du racisme et du spécisme, via le regard des humains décimés et emprisonnés par leurs envahisseurs. Un pari risqué mais réussi, car si l’autrice pose un regard critique sur certains méfaits historiques, elle ne fait que tirer le fil de l’Histoire et laisse le lecteur ou la lectrice réfléchir aux enjeux et conséquences des flux humains, imposés comme désirés.
A partir de 14 ans.
Note 6/10
Sarah