Cette critique concerne les deux derniers tomes du cycle de Fondation : Fondation Foudroyée et Terre et Fondation.
Pour moi c'est très simple, ces deux derniers tomes ne font pas partie du cycle. Ces livres n'existent pas, je veux les chasser de mon esprit. Je ne les range même pas au même endroit dans ma bibliothèque.
Ces deux tomes ont été écrit sous la pression d'un éditeur, 30 ans après la trilogie originale alors, évidemment, on peut s'attendre à ce que l'auteur aie évolué dans son style ou dans ses thèmes... Mais là, ça va au delà.
Fondation était une épopée. Le récit du peuple de Fondation, étalé sur des siècles. Le personnage principal de Fondation, c'est la Fondation elle-même, pas ses habitants.
La trilogie originale entière repose sur l'idée que ce ne sont pas les individus, mais les conditions socio-économiques qui décident du sens de l'histoire. Cette idée est matérialisée par le plan Seldon et trouve sa plus belle expression dans la nouvelle racontant l'histoire du général Bel Riose qui, dans le second tome de la trilogie, entreprend de conquérir Fondation. Dans cette histoire, la résolution n'est pas atteinte grâce à quelques personnes parties à l'aventure pour sauver Fondation (celles-ci échoueront lamentablement), mais bien parce que la structure socio-économique et la situation géopolitique globale ne pouvaient que pointer vers la victoire de Fondation. Le principe même du plan Seldon et de la psychohistoire est que l'histoire est une propriété émergente des dynamiques de population : les décisions individuelles n'importent pas, il n'est pas nécessaire de prendre en compte les individus pour prédire l'histoire des peuples.
Alors que nous fait Asimov dans Fondation Foudroyée ? Une histoire où un individu part à l'aventure et va, à lui seul, décider de l'avenir de l'Univers tout entier ! Là, ce n'est pas un simple changement de style, Asimov a juste renié l'essence même de la trilogie originale !
Tous les symboles les plus emblématiques de la saga vont avoir droit à un total désaveu, à croire qu'Asimov prend un plaisir sadique à démolir le mythe. Vous aimiez le Mulet ? Bien sûr que vous aimiez le Mulet : c'est un des personnages les plus complets, complexes et fascinant de la saga. Et bien vous serez ravis d'apprendre qu'en réalité il vient de la planète GAIA, peuplée de gens comme lui mais en version BOMBE SEXUELLE. Je ne déconne pas.
À ce propos, le personnage de Joie (originaire de Gaia) est sans doute un des pires personnages féminins jamais écrit par Asimov (et pourtant le bougre a déjà fait fort dans le domaine) : elle a des pouvoirs psychiques, un corps de rêve, une sexualité à la limite de la nymphomanie et à chaque fois qu'elle ouvre la bouche c'est soit pour faire du sexe soit pour asséner une leçon de morale écolo. Ça vous fait penser à de la mauvaise fanfic ? Vous avez tout à fait raison, c'est de la mauvaise fanfic. Et encore, il existe des fanfictions Pokémon mieux écrites que ça, c'est dire.
Et puis, vas-y qu'il met du fanservice bien lourd pour ceux qui ont lu le Cycle des Robots ! Et puis des Solariens tant qu'à faire !... Ah, et pourquoi ne pas aussi ajouter une pointe de Fin de l'Éternité ?...
Je vais m'arrêter là, si je continue ma critique semblerait beaucoup trop relever de la haine irrationnelle.
Vouloir mêler ses œuvres les plus emblématiques n'est pas un mal en soi... mais c'est juste que l'ensemble me parait manquer de fluidité et de naturel. On dirait qu'il fait des références juste pour faire des références. Dans Terre et Fondation, les héros ne font littéralement qu'aller d'une planète à une autre, sans réelle justification autre que de permettre au lecteur de visiter des lieux de l'Univers d'Asimov (typiquement, la planète des Solariens). Ce sont juste des péripéties. J'imagine qu'Asimov a voulu faire un genre de conte philosophique, où les héros sont confrontés à différents modes de vies... Sauf qu'à aucun moment l'esprit des premiers tomes n'est respecté.
Fondation est une trilogie. Le troisième tome, Seconde Fondation, est un chef-d'œuvre. Préservez-vous et arrêtez-vous en là.