Il est inutile de rappeler, quoi que, que je suis une fan, si l’on peut dire, de cette période de la guerre 39-45 où je dévore romans, documents s’y rattachant quel que soit le pays où se passe l’action. Ce document de Pierre-Louis Basse ne fait pas exception à la règle, même si cela concerne le monde du football, que je connais également un tant soit peu, pour avoir suivi de nombreux matchs lorsque j’étais plus jeune et que je suis au courant de ces périodes où certains clubs ont dominé les championnats. Le Dynamo de Kiev, bien entendu, j’en avais entendu parler. Mais je n’étais absolument pas au courant de ce fameux match du 19 août 1942 qui a entraîné l’arrestation de ces joueurs et pour la plupart leur mort.

L’auteur se consacre donc à ce match invisible, ce match de la mort. Avec sa passion pour l’Ukraine, la Russie, le football, il tente de nous raconter ce pan d’histoire dont il ne reste pas grand chose. Comme il le dit si bien, le devoir de mémoire n’est pas facile, surtout que la plupart des personnes qui y ont assisté sont mortes. Difficile également de retrouver ces traces. Mais l’amour du foot, le sacré, les odeurs sont toujours là et les souvenirs font le reste. Pourtant, ce match prouve la résistance des Ukrainiens, d’abord sous le joug de la Russie, collectivisée et affamée, et ensuite d’Hitler, et leur envie de passer du bon temps, d’être heureux, le temps d’un match, alors qu’ils n’ont plus rien, que les morts défilent. Ils ont décidé de jouer, de s’amuser. Les Ukrainiens sont mal nourris, ils travaillent dans des conditions difficiles. Tout le contraire des Allemands qui font la fierté de leur Führer, ces aviateurs bien nourris qui veulent prouver leur suprématie alors que la situation de l’armée allemande n’est pourtant pas au beau fixe puisqu’ils n’arrivent pas à prendre Moscou. Sous Hitler et aussi avant, les Ukrainiens sont des sous-hommes. Le rapport avec les Juifs est donc vite fait. L’auteur nous rappelle, si on connait cette histoire, Babi Yar, où de nombreux Juifs ont été fusillés, où il y a eu très peu de survivants. Les Allemands, conscients de leur défaite, sont revenus sur les lieux pour les exhumer et les brûler. Et puis, il n’y a pas que ça comme atrocités vécues par les Ukrainiens.

Les joueurs ont eu leur fierté. Envers et contre tout, ils ont décidé de jouer, de gagner, même s’il leur avait été demandé de laisser gagner ces Allemands. Les Ukrainiens sont fiers, ils ont la passion du beau jeu, du football. L’histoire du Dynamo le rappelle dans chaque page car elle ne se cantonne pas à ce match d’août 1942 mais à leurs performances avant et après. Un jeu qui n’a cessé de perdurer et un amour du football comme on n’en fait plus.

Le devoir de mémoire, parlons-en, lorsque l’on vient d’une famille où le grand-père a été déporté dans les camps de la mort, lorsque la famille est vraiment communiste. Pierre-Louis Basse a baigné dans ce milieu très jeune.

Malgré ce terrible sujet, il y a énormément de poésie, de douceur et de fierté dans les mots de l’auteur. Ce n’est pas qu’un document. C’est un hommage à un peuple fier qui peut prendre tout son sens, également aujourd’hui, alors que l’Ukraine, pourtant aidée par l’Europe, est mise à mal par la Russie de Poutine.
Angélita
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le 6 sept. 2014

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