Il nous manque aujourd'hui un George Grosz, quelqu'un capable de reprendre son entreprise visuelle de dévoilement de la laideur viscérale de la bourgeoisie et de ses sbires, cachés derrière leur démocratie de pure façade. Quelqu'un en mesure d'aller la débusquer, derrière ses sourires faux et son déguisement de bon aloi, pour montrer toute la médiocrité et l'ignominie résidant dans la persistance de son calcul égoïste. Dans ce petit ouvrage, Günther Anders démontre fort bien la terrible colère qui fut celle de George Grosz devant la réalité sociale de son temps; cette colère qui ne cessa d'alimenter l'acuité du regard qu'il portait sur un monde qui se dirigeait tout droit vers le nazisme. Outrancier Grosz? Mais où se révéla donc être l'outrance en finalité. Est-ce l'artiste, le dessinateur, qui "exagérait". Force est pourtant de constater que l'oubli où est tombé aujourd'hui un George Grosz tient en grande part à cette malédiction poursuivant ceux qui ont eu raison trop tôt mais aussi ceux qui désignant un mal en sont, par retournement, rendus responsables.