Après avoir écarté le style de l'auteur, force est de constater que le bouquin est bon ( bah ouais faut lire jusque au bout avant de critiquer...).
La première chose qui m'a sauté aux yeux après la lecture du livre, c'est cette impression de construction laborieuse. L'histoire conte dans sa plus grande partie l'histoire de l'ogre Grandclapier mais le livre s'ouvre, après l'introduction sur le personnage du Balafré, sur le barbare Brasque, qui devient par la suite le poteau de l'ogre, et qui est pour moi plus intéressent. Si Sfar veut écrire chaque bouquin sur un perso de son univers- c'est comme ça que je le prends personnellement- pourquoi ne pas avoir placé les passages de l'histoire de Brasque dans un deuxième bouquin portant son nom au lieu de lui faire occuper 1 tiers du premier livre?
Cette impression se retrouve aussi dans le fait que l'histoire du barbare est aussi riche que celle de l'ogre , avec une narration plus intense, plus racontée que décrite, mais aussi bien plus violente. Dans le reste du livre, avec Grand clapier, le rythme est plus lent, comme si l'auteur s'était posé, et comporte plus de dialogue (partie bien plus évidente à lire pour les lecteurs qui sont rebutés par l'aspect "conté" de la première partie).
Ah oui, un autre point sur lequel je voudrais m'arrêter: la violence. L'erreur serait de le considérer comme une œuvre écrite pour la jeunesse. À partir de 13-14 ans, OK, mais faut pas aller le lire à des gosses de cinq piges ( quoique les enfants ont peut être une vision des choses qui nous dépassent...) .
La violence est assez déguisé, ceci venant aussi du fait que les descriptions ne sont pas très poussés et reste dans le cadre "jeunesse" mais quelques passages me font penser qu'il y a des viols, des morts violentes et pleins d'images poétiques que bien des enfants ne seraient pas en mesure de saisir.
Tout ça est assez cru, comme le montre certains passages oh combien poétiques :
"Et le miel? Les femmes ogres opéraient leur épilation à l'aide de caramel. Les mamies leur en fabriquaient de petites boulettes. On astiquait ça sur les poils, on tirait d'un coup, ça débroussaillait , tout le monde criait et rigolait, après quoi les boulettes, caramel et pelage, faisaient d'excellents chewing-gums qu'on donnait aux mioches."
Perso, j'ai vraiment bien apprécié la lecture, qui m'a fait légèrement pensé aux deux Donjon Zénith que j'avais lu il y a quelques années, avec son lot d'humour (pas a la même échelle mais sympa quand même), sa poésie (ah Joann...), et l'imagination de malade mental (ici les porcs ont des ailes et naissent dans des œufs!)
Lecture plaisante, donc, pour un livre unique et audacieux.
Bah ouais, il fallait oser, quand même. C'est pas à chaque coin de rue que les éditeurs jeunesses éditent ce genre de titre, rejetés par tous les ignorants qui ne vont pas voir l'intérêt du livre, et qui pourtant mérite vraiment le détour, pour tous les lecteurs ( de plus de douze ans de préférence) qui cherchent un moyen de s'évader dans un univers original, à cent lieux des poncifs et des clichés de la fantasy jeunesse.