Si j'ai préféré Annasterry, je reconnais volontiers les qualités de ce one-shot !

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Retour dans l’imaginaire d’Isabelle Bauthian



C’est pleine d’entrain que je me suis plongée dans Grish-Mère, une histoire dans la continuité d’Anasterry, sans pour autant être une suite directe. Oui, c’est un peu compliqué, je vous l’accorde. Pour faire simple, il est possible de découvrir ces livres dans l’ordre que l’on désire, même s’il existe des liens évidents entre eux. Ce sera d’ailleurs valable pour l’ensemble des ouvrages de cette saga, initialement appelée Les rhéteurs.


Pour ma part, j’ai souhaité respecter la chronologie des événements et ai donc commencé par Anasterry, avant de lire Grish-Mère. Et, en dépit de ce qu’avait prédit la majorité des lecteurs avec qui j’ai eu l’occasion de discuter, j’ai une nette préférence pour Anasterry.



Un héros aux multiples contradictions…



Si j’étais heureuse de retrouver Thélban et Constance, personnages phares d’Anasterry, j’étais également curieuse de faire connaissance avec celui qui allait prêter sa voix à Grish-Mère, j’ai nommé Sylve. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est peu commun. Offert par ses parents – contre rémunération, bien sûr ! – à la plus grande école des serviteurs de Civilisation, il a été élevé dans un seul but : devenir le meilleur factotum. Il excelle ainsi dans bien des domaines (le combat, la cuisine, l’histoire, la politique…).


Le hic, c’est que ce personnage est une contradiction à lui tout seul. Dans ses pensées, fidèlement retranscrites par Isabelle Bauthian, il se montre familier, voire même grossier. À l’inverse, dans son langage parlé, il se veut extrêmement pompeux. Et ce basculement incessant de l’un à l’autre a exigé beaucoup de concentration de ma part, au point de me décourager parfois. Soyons clairs : je ne remets pas en cause les efforts de l’auteure en ce sens, car le résultat est réussi. Néanmoins, cela a rendu ma lecture pénible par moments.


En outre, Sylve s’interdit de donner son avis sur tous sujets, estimant que là n’est pas sa place. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir des opinions bien tranchées et j’ai, encore une fois, trouvé cette ambivalence difficile à appréhender.



…et au bord de la rupture



Suite aux bémols cités précédemment, j’ai eu du mal à m’attacher à Sylve. Pourtant, j’ai ressenti de la compassion à son égard. Et pour cause ! Les autres protagonistes de l’histoire, conscients de son hypocrisie forcée, le poussent constamment dans ses retranchements, tentent de lui démontrer l’absurdité de son mode de vie en dehors de l’influence de l’école. Alors, oui, Sylve, on a parfois envie de le secouer pour l’obliger à dire ce qu’il pense, ce qu’il ressent. Mais, dans certains cas, j’ai estimé que c’était trop : trop brutal, trop cruel, trop injuste.


Encore une fois, je ne peux que saluer le talent d’Isabelle Bauthian, car j’ai moi aussi ressenti la pression qui pesait sur les épaules de Sylve… jusqu’à me sentir mal à l’aise. Peut-être suis-je trop empathique. Quoi qu’il en soit, j’ai ressenti une gêne qui ne m’a pas quittée jusqu’à la fin.



Un message féministe, mais pas que !



Vous l’aurez sûrement remarqué, j’ai débuté ma chronique par les points négatifs. Or, j’ai malgré tout apprécié cette lecture, en particulier pour les leçons que l’auteure ne manque pas de nous donner. Celle-ci n’hésite pas à renverser des stéréotypes, à mettre en lumière certaines incohérences de notre société, comme le sexisme. Ce dernier point est particulièrement développé, puisqu’à Grish-Mère, le féminin l’emporte. Sur tout ! Lors d’un procès, la parole d’une femme aura davantage de poids que celle d’un homme, influent ou non. Les postes importants, que ce soit en politique ou en religion, sont pareillement occupés par des figures féminines. Bref, le pouvoir est entre les mains de la gent féminine !


Pour autant, l’auteure ne se contente pas d’un message purement féministe, car elle démontre également les dérives de cette structure sociale inversée. Du pur génie ! D’autres sujets, tout aussi sensibles, sont par ailleurs abordés avec finesse, comme l’homosexualité, le libre arbitre, le conditionnement, etc.



Par des chemins détournés



Prenons un peu de recul sur cette histoire : oui, je l’ai appréciée. Cependant, j’ai trouvé que l’intrigue empruntait plus de détours que nécessaire. Mais j’imagine que c’est propre à Isabelle Bauthian de perdre son lecteur dans les méandres de son imaginaire. J’en ai eu la preuve avec Anasterry !


J’ai d’ailleurs eu l’occasion de discuter avec elle lors des Imaginales 2019. Quand je lui ai révélé que j’étais sur le point de terminer Grish-Mère, elle m’a prévenue que la fin serait déroutante. Et, en effet, ce fut le cas. Mais j’ai adoré !

Créée

le 6 août 2019

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