On entre dans « Guerre » avec fracas, se frayant un passage à travers le style unique de Louis-Ferdinand Céline. Là où l’on pouvait craindre de se trouver face à un manuscrit de seconde main, composé de scènes indépendantes, manquant de cohérence ; « Guerre » apparaît au contraire comme un véritable voyage. Voyage dans la noirceur humaine, symbolisée par la ville au toponyme évocateur de Perdeu-sur-la-Lys ; voyage bestial où sexe et mort cohabitent sans cesse. « Guerre » n’est pas seulement un manuscrit retrouvé, c’est avant tout un récit sensible de la boucherie de 14-18, où le style de Céline éclate ; sans nul doute l’une de ses plus grandes œuvres, où s’éclaire la trajectoire de Bardamu et la noirceur désabusée du « Voyage ». À lire.