La guerre chez les vieux grecs pour les nuls
« Guerre et guerriers dans la Grèce antique », en voilà un titre qui m’a de suite attiré, je n’ai donc pas pu ne pas l’emprunter lorsque je l’ai vu seul, en marge, abandonné de tous dans ces grandes étagères de la médiathèque…
Pierre Ducrey, historien Suisse me semble-t-il, spécialiste de la Grèce antique s’arrête donc ici pour analyser le phénomène de la guerre dans un sens large.
Qui dit étude au sens large dit profusion de thème, et c’est ici une chose plutôt appréciable, on a ainsi une bonne vision d’ensemble du phénomène de la guerre à cette époque. L’historien s’arrête donc sur plusieurs grands thèmes comme l’apparition du phénomène hoplitique, l’invention de la phalange, la professionnalisation de la guerre, les fortifications, la guerre sur mer, le ravitaillement, la relation entre la guerre et l’économie… et chaque thème étant lui même divisé en plusieurs parties. Ainsi on se retrouve avec un panel assez large de sujets, ce qui permet une bonne compréhension générale du sujet.
Pierre Ducrey a aussi un style d’écriture, sans être bien évidemment comparable à de purs littéraires, plutôt fluide, simple, contrairement à d’autres ouvrages historiques, ainsi on peut facilement rester une heure ou deux sans être lassé.
Autre chose appréciable, la profusion d’exemples et de descriptions (assez pointues), en effet l’auteur n’est pas avare en détail et pour chaque sous sujet nous met en avant un ou plusieurs exemples pour avoir une vision d’ensemble.
L’ouvrage de Pierre Ducrey a malheureusement plusieurs défauts, assez gênants.
D’une part, un qui est un peu du à la simplicité et la clarté de l’ouvrage, est que ce livre manque tout de même assez de profondeur. Certes de nombreux et intéressants sujets sont abordés, mais leur traitement laisse un peu à désirer, on passe ainsi entre 2 et 4 sur chaque, sans être à l’arrivée pleinement satisfait tant les zones d’ombres restent présentes.
Certaines fois l’auteur fait même des effets d’annonces alléchantes, du genre « nous allons nous arrêter sur cette bataille maritime, la plus grande sans doute de l’antiquité… », mais en fait, l’arrêt est très court, et on repart très vite sur un autre sujet (manque de profondeur dû à un manque de source, ce qui n’est pas une faute de l’auteur, mais rien ne l’oblige à lancer le sujet de la sorte).
Autre problème qui pourrait être agaçant pour certains, le manque de cartographie. En effet l’historien donne des exemples à profusion, associés à chaque fois à telle ou telle cité. Personnellement j’ai encore de très bon restes de mes études d’histoire antique, donc situer les grandes cités comme Athènes, Sparte, Thèbes, Samos, Mycènes, Syracuse, Amphipolis … ou importantes régions comme la Boétie, la Thrace, l’Illyrie, la Thessalie… ne me pose pas de problèmes, mais en me mettant dans la peau d’un profane d’histoire grecque antique, je me dit que je serais géographiquement un peu voir beaucoup perdu (et puis allé chercher sur internet à chaque fois la position d’une ville n’aide pas à une lecture fluide). Donc le manque d’une carte générale situant les points important est une petite critique que l’on peut faire au livre.
Dans le même genre d’idées, je reproche à l’auteur le manque d’illustrations. Certes l’auteur s’arrête avec détail sur de nombreux objets, construction et œuvres d’art avec minutie, mais une petite illustration physique n’aurait pas été de refus. Ce qu’il y a d’amusant est qu’en introduction l’auteur annonce que le livre comporte une multitude d’illustrations, hors elles sont peu nombreuses et parfois contestables quand à leur apport.
En somme voilà un livre sympathique, général, loin d’une profonde recherche historique, mais qui contentera aussi bien les novices que les amoureux de ce thème, ces derniers en profiteront surtout pour revenir sur des choses qu’ils avaient déjà vu et qui auraient pu être oubliées avec le temps. Mais dans tous les cas ça reste une lecture plaisante.