(même si on peut se le demander au premier abord)
Tout d'abord : non, ce n'est pas une réécriture du mythe arthurien comme on me l'avait vendu, et si c'est ce que vous pensez trouver dans ce roman, vous serez déçus. Ici, on parle de leurs lointains descendants : vous ne trouverez pas d'autre Merlin qu'un chat domestique particulièrement affectueux, et Morgane est une corneille. Arthur est un arrière-arrière(...)-petit fils du véritable monarque et on en est dorénavant à la neuvième itération de l'épée Excalibur.
Donc si vous attendiez de la romance torride entre personnages mythologiques, passez votre chemin !
Et vous rateriez quand même quelque chose de pas mal du tout.
Parce que Gwen & Art are not in Love, c'est super chouette, ça parle découverte de son homosexualité, closeting, soutien indéfectible et empowerment ; ça parle ENDOMETRIOSE, et c'es triste à dire mais c'est la première fois que je tombe sur un roman qui en parle (sans qu'en plus ce soit le sujet principal), juste, you know, it happens, et les relations entre personnages sont très mignonnes, tant quand ça se courtise que quand ça lie des vrais liens d'amitié.
Ce roman ne serait pas une vraie romance sans son twist de troisième partie qui fait que les intentions d'un personnage sont mal interprétées (ce qui est un des tropes que je supporte le moins au monde, surtout quand ça pourrait se régler par une simple contextualisation...), mais dans un contexte de rébellion par les armes, tu peux pas trop te permettre d'aller exiger une conversation à coeur ouvert ; en bref, il y'a des raisons qui légitiment que le quiproquo dure aussi longtemps.
Il y a un changement de ton sur les cent dernières pages qui m'a beaucoup plu, mais qui pourrait destabiliser le lectorat qui n'a signé que pour des papillons dans le ventre.
La scène de bataille, à mes yeux, vaut une étoile supplémentaire : j'ai apprécié que Lex Croucher évite le cliché de l'affrontement épique, où tout est lissé et on ne parle que de la bravour des héros et des nobles âmes tombées au combat. Ici, elle montre que les batailles et la guerre, c'est dégueu, c'est crade, c'est atroce, c'est de la boue dans la bouche et du sang sur les mains, et les personnages qui en sortent mutilés, au propre comme au figuré, doivent apprendre à vivre avec.
Si on pourrait déplorer que l'histoire se termine à un moment charnière, je fais partie de celles et ceux qui pensent que c'est une bonne fin. L'histoire qui nous est contée ici, c'est celle de la prise de conscience de ses préférences, de la prise de confiance en sa sexualité, du chemin à parcourir jusqu'au jour où on se sentira prêt, enfin, à s'assumer aux yeux, souvent si peu amènes, du monde entier.
Franchement, un roman très, très quali pour la tranche d'âge qu'il vise.