Qu’il est difficile de critiquer un journal intime sans inévitablement en revenir à critiquer la personnalité de son auteur. Et, en même temps, quel meilleur moyen d’aborder Anaïs Nin ?
Elle qui s’est fait connaitre par la publication de ses cahiers secrets, diariste invétérée et donc fatalement « malade et narcissique », d’après les mots de son amant lui-même, Henry Miller.
Ce qui m’a plu chez Anaïs Nin, c’est sa passion, sa pulsion de vie et sa facilité à retranscrire l’intensité de ses tourments amoureux.
A l’inverse, ce qui m’a ennuyée et qui alourdi rapidement l’œuvre, c’est précisément la profusion de ces tourments amoureux…
Anaïs Nin est tellement esclave de son tempérament passionné, qu’elle ne se ferme à aucune aventure et se plaît à mener des « expériences », comme elle aime à les nommer, n’hésitant pas à jouer avec les sentiments de ses pauvres soupirants, ce qui la rend finalement bien plus amorale que ses adultères en eux-mêmes. On en vient même à douter de sa sincérité dans l’écriture, lorsqu’elle fait preuve de coquetterie et d’un style très littéraire pour évoquer l’intensité de ses sentiments envers ses 4 (quatre !) amants.
L’autre défaut d’Henry et June réside dans sa nature même de journal intime : c’est une compilation décousue de moments de vie, enchainant des passages euphoriques puis mélancoliques, qui donnent à l’ensemble un côté un peu hystérique, inconsistant, et rend la lecture parfois pénible.
Même constat pour les personnages, très changeants et difficiles à cerner étant donné qu’ils peuvent être un jour idolâtrés puis le suivant méprisés par Anaïs.
Henry et June sera cependant apprécié pour la liberté de son style (faisant écho à la liberté de pensée de son auteure), très avant-gardiste dans l’importance accordée à la vie sentimentale et la sexualité dans l’accomplissement personnel. On comprend d’ailleurs très bien grâce à ce livre comment la fougue et la sensualité de ses aventures ont pu influencer ses écrits érotiques futurs.
Anaïs Nin se révèle donc comme une femme brûlante, forte et fragile, voluptueuse et frigide (elle l’a été avant d’entamer tardivement sa vie sexuelle), cherchant inlassablement à combler sa frustration dans l’ardeur de ses relations amoureuses, vécues avec toute l’intensité de son être névrosé.
Une femme volcan.