Hoffmann à Tokyo
Fiche technique
Auteur :
Didier da SilvaGenre : RomanDate de publication (pays d'origine) : Parution France : août 2007Éditeur :
NaiveISBN : 9782350211343Résumé : Extrait du livre :PEU ME CHAUT LA REALITE Ce n'était pas un stylite dans son désert, ni un ermite dans sa forêt, il était à Tokyo par un bel après-midi de juin et, soit volonté soit caprice, il hurlait ces simples mots : Rien à foutre de la réalité. Il s'appelait E.T.A. Hoffmann, comme le poète, ses amis l'appelaient Ernst ou Theodor, jamais Amadeus, c'était trop ridicule.Comme il s'exprimait en français et qu'il hurlait intérieurement, il n'attirait pas l'attention. Il avait beau s'être juché sur un banc du square dit de la Place du Chien, celui-ci faisant face à l'entrée du métro le plus fréquenté, il n'y avait pas de chance qu'il suscite autre chose que l'indifférence la plus absolue, du reste les Japonais se fichent des Occidentaux comme de leur premier hamburger. Des flots d'adultes cravatés et de jeunes gens peroxydes le croisaient sans lui jeter un seul regard et cette solitude le ravissait, elle augmentait sa joie d'avoir trouvé une phrase qui soit à la fois un sésame, une devise, un programme. Rien à foutre de la réalité. Rien à foutre de la réalité ? ÿ cheval sur les frontières de l'inaudible, son murmure ne souffrait pas de la concurrence des cris, appels, jingles et musiquettes des proches rues commerçantes. Il se situait dans une autre sphère, celle de sa conscience, silencieuse en dehors de moments de panique, d'épisodes migraineux.Il en eut bientôt assez d'être debout. Sans interrompre sa psalmodie, il prit le parti bourgeois mais commode de s'asseoir sur le banc, il était fait pour ça, et le temps pas moins doué passa, passa, si bien que le soir tomba.Dans l'intervalle, Peu me chaut la réalité fut préféré et adopté, la répétition du mot foutre se révélant pénible, à l'usage.L'air moite et statique de la journée s'anime, une brise issue du large vient envelopper les piétons, leur bal