Si vous me suivez un petit peu alors vous savez que, du point de vue de ma piètre culture littéraire, je considère George Orwell comme mon auteur préféré. Ayant pour but de me rapprocher d'une lecture chronologique de ses écrits et ayant achevé, cette année, Dans la dèche à Paris et à Londres ainsi qu'Une fille de Pasteur, je me suis enfin décidé à lire Hommage à la Catalogne qui remonte généralement comme son troisième récit le plus populaire après 1984 et La ferme des animaux.
Sans surprise, je l'ai trouvé excellent. L'un de ses seuls problèmes (qui ne l'est finalement pas tant que ça) est qu'il met certes un peu de temps à démarrer, les premiers chapitres étant ceux où l'auteur creusent le moins les sujets qu'il traite ainsi que les moments où il s'ennuie le plus. Forcément, le fait qu'Orwell se rapproche encore plus de l'autobiographie que dans Dans la dèche à Paris et à Londres y est pour beaucoup… il n'allait quand même pas inventer des faits juste pour créer des péripéties. Quoi qu'il en soit, il s'agit clairement de son œuvre la plus ancrée dans le réel et la plus factuelle, celle qui parle le plus de sa vie en somme, mais aussi celle où Orwell s'adresse systématiquement au lecteur. À ce sujet, les deux appendices, à savoir les chapitres V et XI originaux qui ont été reportés à la fin du livre, sont de véritables mines d'or en terme informations.
Hommage à la Catalogne est considéré, par l'écrasante majorité de la critique littéraire, comme un passage obligatoire si on s'intéresse à l'auteur britannique et, sans surprise, je ne peux que confirmer cela. Davantage que Dans la dèche à Paris et à Londres, ce récit permet de s'imprégner encore plus de la compréhension du monde, notamment politique, du point de vue d'Eric Arthur Blair. Il avoue par exemple avoir rejoint le rang des miliciens non sans une certaine ignorance des différents Partis politiques (il en parle d'ailleurs avec précision dans l'appendice I). En fait, il se montre même, du moins dans un premier temps, plutôt hostile au POUM (Parti Ouvrier d'Unification Marxiste), alors qu'il regrettera, une fois le Parti interdit, de ne pas y avoir adhéré. On a donc à faire à un ouvrage très franc dans lequel l'auteur est loin de s'idéaliser, de se présenter comme un héros comme pourrait le faire certaines personnalités actuelles (y compris un certain philosophie), bien au contraire même.
George Orwell ayant été considérablement marqué par la guerre d'Espagne, on ressent à plusieurs reprises les prémisses de 1984, l'auteur évoquant certains thèmes qui reviendront dans ce dernier à plusieurs reprises. Je ne vais pas m'étaler sur cela ici, mais on pourrait citer pêlemêle les articles de journaux qui n'ont aucun rapport avec les faits, le fait que la Police a des espions partout, ou encore les rats, phobie de Winston Smith dans 1984.
La plupart des critiques affirment qu'Hommage à la Catalogne est un indispensable pour comprendre George Orwell. Je vais aller plus loin. Hommage à la Catalogne est un indispensable, tout court. C'est un livre à lire absolument afin d'avoir, pour une fois, une vision de la guerre du point de vue du camp des perdants, alors que ce même camp est en même temps en conflit avec de soi-disant alliés. C'est un livre à lire absolument afin de comprendre comment les faits peuvent être transformés, comment l'idéologie et le point de vue d'un petit nombre peux influer sur le plus grand nombre.
À travers Hommage à la Catalogne, et encore plus que dans les autres œuvres que j'ai lus de sa part, George Orwell s'est directement adressé à moi. À lire absolument.