Cet opus de la collection « Découvertes Gallimard » relève de la thématique « Archéologie » ; autrement dit, on s'intéresse ici à l'étude des sites, objets et documents découverts en Mésopotamie à partir de la fin du XVIIIème siècle, et non à l'histoire de cette région. Et c'est – à mon sens – encore plus passionnant !
En effet, c'est presque un roman à suspens qu'on nous donne à suivre. Tout commence donc avec la découverte d'un corpus d'inscriptions gravées dans la pierre, qu'on nommera par la suite les « écritures persépolitaines », et qu'on trouvait régulièrement disposées en trois colonnes, sous la forme de trois écritures cunéiformes présentant des ressemblance mais qui, manifestement, n'en étaient pas moins distinctes. On supposa – à raison – qu'il s'agissait là des mêmes textes écrits en trois langues. Cependant, contrairement à Champollion avec la pierre de Rosette, les chercheurs n’étaient capables de lire aucune des trois versions. S'engagea alors un véritable combat pour le déchiffrement de ces trois écritures... Ce lent et difficile travail est donc relaté dans les deux premiers chapitres du livre.
Je ne vous cacherai pas que les nombreuses explications sur le fonctionnement de ces trois langues, et plus spécifiquement sur celui de la troisième, la plus complexe, ont réclamé toute ma concentration de novice. Certains courts passages m'ont parfois même légèrement échappé. J'ajouterai que posséder quelques notions, même très vagues, concernant les langues sémitiques, les hiéroglyphes de l’Égypte antique, ou d'autres langues idéographiques comme le mandarin ou le japonais, peuvent s'avérer utiles pour suivre le cheminement des chercheurs qui se sont consacrés à l'étude du vieux-perse, de l'élamite, de l'akkadien, de l'assyrien et du sumérien. Oui, parce que finalement, on a découvert et étudié de plus en plus de documents et de plus en plus de langues... Bref, c'est avec un soulagement et une joie intense que nous parvenons enfin au terme des travaux de déchiffrement des écritures persépolitaines. Alors, nous pouvons passer aux fouilles archéologiques proprement dites.
Les trois chapitres suivants sont donc consacrés à l'organisation des travaux de terrain, des débuts initiés par les Français, par les Anglais, puis par les Allemands (ce qui explique les trésors que recèlent les salles du Louvre, du British Museum et du Pergamonmuseum) aux fouilles plus récentes organisées par les équipes irakiennes, souvent dans le cadre d'une collaboration internationale. On y suit la découverte des fameux taureaux ailés du village de Khorsabad, bien connus des visiteurs du Louvre, des sites de Ninive ou d'Ur, pour ne citer que les plus fameux, et, bien entendu, de la porte d'Ishtar et de toute la ville de Babylone. Des recherches d’autant plus impressionnantes lorsque l'on sait que tout cela était enfoui plus ou moins profondément sous la terre et ne se présentait en général que sous la forme de simples tells.
Un bémol, cependant. Pour moi qui n'avait qu'une vague idée de ce qu'étaient la Mésopotamie, l'Assyrie, Akkad, la Babylonie, Sumer, une chronologie sommaire ainsi qu'une carte géographique en début d'ouvrage m'aurait sérieusement aidée dans ma lecture. Certes, une carte des plus grands sites archéologiques de Mésopotamie a été intégrée : mais elle n’apparaît qu'en page 107 ; si cela s'explique par l'articulation du livre, ça ne s'en trouve pas moins assez peu pratique pour le novice (qui constitue généralement le lectorat de la collection).
Autre problème, que je ne m'explique pas : deux auteurs apparaissent sur la couverture du livre, Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève. Or, on n'a jugé bon de consacrer une présentation qu'au seul Jean Bottéro en début d'ouvrage...
Pour terminer, je me dois d'ajouter que j'ai acquis ce livre lors d'un désherbage de la bibliothèque municipale. C'est donc une édition de 1993 que je possède. Aussi, il n'est fait que peu allusion à la situation difficile que connaissait alors l'Irak, et qui devait irrémédiablement avoir des conséquences sur l'avenir des fouilles archéologiques des sites mésopotamiens. Aujourd'hui, après deux guerres, l’occupation militaire américaine et les massacres, enlèvements, viols et génocide perpétrés par Daesh, la situation est forcément beaucoup plus dramatique que celle évoquée à la fin du texte. Une nouvelle édition est parue en 2009 (que je m'efforcerai de trouver et de lire), mais elle est forcément encore en décalage par rapport à l'actualité de ce début d'année 2015.
Cthulie-la-Mignonne
8

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le 14 févr. 2015

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