Vie et Mort du betrayer

Fascinante histoire que celle d'Illidan, personnage mythique de Warcraft. Introduit dans Reign of Chaos avec brillo, il rentre définitivement dans la légende après Frozen Throne où il occupe le premier plan face à son rival Arthas.

WoW se chargera ensuite de poursuivre la légende en le rendant central dans deux extensions : burning crusade qu'adapte le présent livre, puis Legion qui est ici mis en place via quelques retcons habiles.

Concrètement au niveau de l'écriture, on reste dans du bas de gamme, avec un style très terne qui vire au répétitif assez rapidement dans l'expression. Quelques passages se démarquent toutefois : un premier chapitre en huis-clos réussi, puis surtout l'invasion du monde de la légion ardente dans une succession d'évènements totalement épique.

On reste à la périphérie de la psyché de cet anti-héros passionnant, suivant moins son point de vue que celui de ses proches, fidèles comme rivaux. On suit ainsi essentiellement la complètement folle et assoiffée de vengeance Maiev, le vieux draein rusé Akama qui comprend difficilement les plans de son maître indésiré, Vandel chasseur de démon Illidari qui a vendu jusqu'à son âme pour suivre Illidan dans son projet de destruction de la Légion ardente. Des trois personnages, on appréciera surtout Vandel, inédit dans l'histoire de Warcraft, au destin tragique et quelque part servant de reflet à ce qu'a vécu Illidan.

On ne sort pas dans la lecture idem vis à vis des a priori qu'on pouvait avoir sur le charismatique Illidan. S'il n'en reste pas moins un être plein de haine et de rancœur, un commandant peu soucieux de ses troupes et un elfe à la morale sans cesse vacillante, son côté anti-héros se voit renforcer sans avoir à recourir à des liens (fraternels avec Malfurion, amoureux avec Tyrande) mais seulement en le présentant comme le mal nécessaire pour s'opposer au mal ultime [un peu la base de sa caractérisation dans Reign of Chaos].

Forçant la main du destin, Illidan va donc se dresser contre la Légion, quitte à affronter tous ceux qui ne partagent pas son dessein. Loin d'y parvenir en ces pages, il finira par réussir bien plus tard...

Le traître. Voilà comment on l'appelait. Voilà comment on se souviendrait de lui. S'ils étaient assez chanceux pour survivre et se souvenir de quoi que ce soit, ce serait pourtant grâce à lui, et ils ne le sauraient jamais. Cette pensée lui procura un plaisir morose...