Ce roman me semble être une errance continue sur près de 400 pages. On s'égare dans le dédale du propos et le dédale de l'auteur lui même. Le mélange fictionnel et historique est ici très mal maitrisé, on ne parvient plus à distingué l'un ou l'autre mais plus embêtant, l'un est utilisé pour l'autre. Encore un livre de plus qui cartonne car il parle de Kennedy. Soyons honnête, il aurait été question d'un autre politicien ou d'une pure fiction, nous serions plus nombreux à le considérer au mieux comme un livre mineur, au pire comme une arnaque littéraire. On ne parvient plus à savoir qui parle entre l'auteur et son personnage, si les faits sont historiques ou fictionnels, les uns sont mélangés aux autres pour donner une apparence d'érudition. Dugain rompt un pacte avec le lecteur, ce n'est pas un essai et ce n'est pas un roman, mais il fait semblant d'être un roman. Semblant car au fond il pioche ici ou là quelques maigres éléments fictionnels mais c'est pour faire mieux tenir son propos. Marc Dugain à une opinion arrêtée sur le sujet et au lieu d'en faire un essai, qui l'amènerait à assumer son propos, il créer un environnement fictionnel factice pour faire prêter aux uns et aux autres son opinion. Il est à la fois à l'intérieur du roman et à l'extérieur, tour à tour son personnage a qui il prête son nom et le narrateur omniscient.
C'est comme si Oliver Stone, en réalisant JFK, serait aussi le procureur dont il donnerait son nom, Stone, personnage fictif, mais qui enquête en reprenant les éléments de Garrison. Nous aurions donc un personnage central qui n'existe pas, énumérant des faits dont on ne sait pas bien s'ils existent dans une réalité historique. Il y a effectivement un malaise mais il ne tient pas au propos (rien de nouveau pour ceux qui ont vu JFK par exemple), il tient à la construction narrative.