Je n’avais jamais entendu parlé de ce roman avant que je le lise,je l’ai trouvé en brocante.Quand je me suis enfin décidée à le lire,je ne savais pas du tout de quoi ça parlait,je n’avais effectivement pas lu le résumé.A part le titre pour le moins évocateur,je me demandais en moi même:est-il question encore une fois de fantastique,d’horreur comme à l’accoutumée?Pas vraiment finalement enfin du moins au début.C’est l’histoire de Ralph qui perd sa femme et qui perd peu à peu le sommeil.Les premières pages du roman mettent l’accent sur la nostalgie d’une époque révolue,celle où le vieil homme passait encore de bons moments avec sa bien aimée.Puis de fil en aiguille,le ton est de plus en plus mystérieux avec l’apparition notamment d’évènements mystérieux qui prennent toujours racine à Derry.
« La vieillesse c’est comme avoir un mauvais dessert à la fin d’un bon repas »(Stephen King dans Insomnie)
Ah Derry,vous vous en souvenez?C’est là-bas que Grippe-Sou semait la panique au grand dam de la bande de ratés.D’ailleurs,l’auteur en fait de nombreuses allusions au niveau des lieux(Les Friches Mortes,Neilbot Street),les personnages(Ben Hanscom,Mike Hanlon),l’alliance qui tombe dans les égouts,les accidents propres à la ville(l’incendie du Black Spot,meurtre de l’homosexuel au chapeau ridicule).Je me suis retrouvée une fois de plus à Derry,je reconnaissais certains endroits,je souriais à l’évocation des personnages de Cà……c’est fou je ne n’ai jamais vu cette ville et pourtant,j’ai l’impression de la connaitre comme ma poche.J’y ai retrouvée également la même atmosphère malsaine que dans Çà,Derry est toujours aussi hanté par le mal.Néanmoins,Stephen King traite ici d’un sujet toujours d’actualité et polémique en Amérique:le droit ou non à l’avortement.D’un côté les pour ,de l’autre les contre.D’un point personnel,je trouve sidérant qu’aujourd’hui encore on se pose encore la question du droit ou non à l’avortement.Je crois fermement au fait que chaque femme doit avoir le droit de disposer de son corps librement mais je ne souhaite pas que l’avortement devienne un moyen de contraception.Il me parait encore plus inconcevable de voir-comme dans le roman-des gens anti avortement dirent « c’est un meurtre »alors qu’eux mêmes n’hésitent pas à tuer tous leurs opposants.On peut y voir là une critique de l’auteur envers son pays encore profondément puritain sur certains points alors que par exemple, les armes sont en vente libre et causent bien des dégâts.Après à chacun de se faire son opinion sur cette question pas si facile.
A côté de cela,le fantastique est bien présent mais met beaucoup de temps à se mettre en place.Les petits docteurs chauves m’ont beaucoup fait pensé aux hommes chauves dans Fringe ou encore les hommes aux chapeaux dans le film l’Agence mais l’œuvre de Stephen King a été écrite bien avant(1994).Ici,l’auteur use différemment du registre fantastique en n’hésitant pas à faire appel à la mythologie grecque,au seigneur des anneaux également.Il emprunte également beaucoup au conte notamment avec la scène où le lecteur découvre le terrier d’Atropios,cependant il s’agirait plus d’un conte d’horreur que d’autre chose.On retrouve aussi cette perception du temps altérée spécifique à l’univers d’Alice au pays des merveilles,la rencontre avec des personnages extraordinaires voir extravagants comme Dorrance et bien entendu les méchants.Il y a une scène aussi qui m’a beaucoup fait pensé à Harry Potter,celle du cambriolage de la Banque des Gringotts où tout ce que touche le trio se multiplie,il en va de même dans ce roman.Il me semble que çà vient d’un conte pour enfants dont je ne trouve plus le titre.Par ailleurs,Stephen King n’hésite pas à semer dans son histoire des éléments autobiographiques comme l’addiction de Ralph pour le sirop,l’auteur lui même se « droguait » au sirop pour la toux à une certaine époque.Il n’oublie pas non plus ses traditionnelles expressions comiques et grivoises,je me souviens surtout de celle-là qui m’a bien fait rire : »une attaque de cuisses en feu ».
Insomnie est un livre qu’on ne peut et ne veut pas lâcher,on est sans cesse dans l’attente de savoir les tenants et les aboutissements de l’histoire.Je n’ai pas cessé de ronchonner en le lisant car cela n’avançait pas assez vite à mon goût.Pourtant une fois fini,Derry et ses habitants me manquaient déjà,la plume de Stephen King tout autant.Paradoxe quand tu nous tiens.Plus je lis du Stephen King plus ses œuvres me donnent l’impression d’une continuité et complémentarité comme si chaque histoire se déroulait en même temps, s’emmêlant parfois même les unes aux autres.Néanmoins,j’ai rencontré dans ce roman un Stephen King un peu différent presque croyant je dirai.Lui ou son œuvre nous laisse penser que deux entités distinctes livrent bataille le Mal et le Bien sur la Terre,et que nous les humains nous sommes finalement leurs jouets et que notre vie est réglée comme du papier à musique,ce qui ne laisse guère de place au libre-arbitre.Terrifiant non?