Retraçons mon cheminement : au mois de décembre je regarde le film A couteaux tirés dont le personnage au centre de l'histoire, le grand-père, se nomme Harlan en clin d'oeil au célèbre Harlan Coben. Voilà pourquoi quelques jours plus tard je choisis Intimidation parmi quelques autres romans de Coben à la bibliothèque, pensant avoir affaire à un maître de l'angoisse.
Il s'avère que les lignes de ce livre ne firent que me décevoir et même, sans exagération, me répugner à certains moments.
Pour commencer, autant citer ce que j'ai apprécié dans ce roman : l'idée au cœur de l'intrigue, tout simplement. Elle est pleine de potentiel et personnellement j'adore ce principe
ce principe de mettre en scène des secrets.
En revanche cet élément génial ne trouve pas, à mon sens, la place qu'il lui faudrait : sous les projecteurs, c'est à dire au cœur dune intrigue qui le mettrait en valeur. Selon moi ce serait par exemple dans une sorte de huis clos, l'opposé du cadre de ce livre où on tombe brutalement sur la vie secrète des inconnus.
Premier point crucial qui m'a dérangée malgré le fait qu'il s'agisse d'un thriller et non d'un livre sur la psychologie humaine : Coben me renvoyait souvent l'impression d'essayer de "creuser" les personnages, de les rendre uniques, de les décrire de manière à ce qu'on les comprenne et qu'ils apportent leur touche -si petite qu'elle soit mais singulière- à l'histoire. Malheureusement
mon grand enfant
c'est une perte de temps et surtout d'énergie puisque ça ne sert strictement à rien de nous les décrire précisément en surface, vraiment aucun intérêt. On ne s'y attachait absolument pas de toute façon, et je ne pense pas avoir un cœur de pierre puisque habituellement, je m'attache à des personnages pour un rien. Peut-être faudrait-il songer à s'inspirer d'œuvres plus courtes, plus simples, et grandement efficaces. Tous les personnages sont caricaturés et personnellement la ribambelle de familles dont globalement tous les hommes sont investis dans le milieu du sport et où la mère accomplit sa vie soit en vivant dans la grande et belle maison de ses rêves et en passant son temps à jouer au chauffeur de taxis pour ses fils dont les matchs sont apparemment la plus grande source de vie (c'est simple, ils sont totalement hors de contrôle les pauvres enfants) soit en arrivant à s'amincir assez pour paraître photoshopée dans la vraie vie m'a dégoûtée. Par exemple, on ne cesse de nous rabâcher, en parlant d'Adam "Dieu qu'il aimait Corinne !" comme si il y avait seulement besoin de nous le rappeler. Autre exemple, le spitch de ce livre offre la possibilité de toucher à plusieurs sujets tabous liés aux états d'âme, à la détresse sous le masque de la vie parfaite, au besoin d'attention, et franchement à d'autres sujets plus graves
tel que la vente de son corps sur Internet, d'autant plus qu'ici il s'agit d'une mineure il me semble
et ce n'est pas rien. Pourtant j'avais le sentiment que chaque caractère se définissait par son problème et que l'auteur se contentait de dresser une liste des évènements pour bien montrer au lecteur "regarde jusqu'où ils peuvent aller ! regarde combien de vies sont brisées !"
je parle bien sûr des secrets révélés par le type à la casquette de baseball de la société secrète
La prochaine fois, raconter la plupart de ces petits évènements (ou sous-histoires) de manière brève suffira.
Second point décisif : j'ai eu beaucoup de mal à suivre l'intrigue. Attention je dis bien suivre et non pas comprendre. Je l'ai très bien comprise. Seulement avec quelques minuscules pas de recul j'ai l'impression qu'elle est comme… Décousue. L'intrigue a un certain sens, mais encore une fois, rester sur des bases plus minimalistes mais pas moins réfléchies serait préférable. A la fin du roman un mystère est expliqué par un nouvel maillon de l'intrigue, ce qui est pas mal, mais ce maillon n'est ni réellement pertinent ni franchement fascinant. Surtout que, sans vouloir trop en dire, le sang n'a jamais sublimé un roman. Ici je trouve que l'intrigue justifie mal le sang.
Pour conclure, je pense que quelqu'un devrait réécrire ce livre. Harlan Coben a une style tellement américaine que j'ai déjà remarqué chez d'autres écrivains ou écrivaines, par exemple Lisa Gardner ou Mary Higgins Clark. Personnellement j'ai un peu de mal à supporter cette manière d'écrire. Bref, je ne considère pas Harlan Coben comme un maître de l'angoisse étant donné que je n'arrivais pas à m'inquiéter pour qui que ce soit dans ce livre. D'ailleurs, je voulais plutôt mettre deux étoiles et demi pour l'idée vraiment intéressante de l'auteur, mais j'avais le choix entre mettre deux et trois étoiles. J'en ai mis deux. Et pourtant j'aime les thrillers…