L’itinéraire intime de Nana Mouskouri

Nana Mouskouri est souvent raillée pour les quelques chansons aux textes ridicules qu’elle a chanté mais c’est justement ce qui nous captivait dans la lecture de cette autobiographie. Quelles sont ses réussites ? Est-elle vraiment ridicule ?

Nana Mouskouri n’est pas à son premier livre sur sa vie mais à son troisième. Pour celui-ci elle a décidé de l’arranger sous forme d’abécédaire. Chaque lettre correspond à un ou plusieurs épisodes de sa vie qu’elle a envie de raconter. Et on traverse effectivement toute son existence : de l’occupation allemande au régime des colonels, de ses débuts difficiles à la consécration internationale, de son premier à son deuxième mari, de ses rencontres extraordinaires à sa carrière politique.

A la lecture de ce livre, on remarque d’abord une première chose : Mouskouri a une vie dingue et loin des moqueries, une carrière assez exceptionnelle : elle a chanté dans plusieurs langues différentes, a fait des cartons pleins dans tous les pays du globe et interprété, grâce à sa voix unique des chefs-d’œuvre du répertoire classique. Tous les « Enfant du tambour » ou autre texte risible valent bien la chair de poule que l’on peut avoir en écoutant sa version de l’Ave Maria ou de « Je chante avec toi liberté ». Mais le plus original reste l’engagement que cette artiste a toujours pris, qu’il soit musical, carriériste, féministe ou politique.

Malheureusement on ne passera pas à côté des défauts de cet exercice de style : l’abécédaire pour raconter une histoire, son histoire. En enlevant tous les repères chronologiques et en emmêlant une tonne d’anecdotes, Nana Mouskouri finit par nous perdre totalement dans son univers mais surtout, se répète beaucoup trop, racontant plusieurs fois son rapport à l’amour, ses enfants, son mari, etc. Cela en devient à la longue lassant.

Malgré tout ne fuyez pas ce livre, il vous apportera un grand nombre d’informations sur une vie hors du commun et vous donnera peut-être l’envie de découvrir ou de redécouvrir une chanteuse, finalement, pas si ridicule.