Fiche technique

Auteur :

Jacques Petitjean Roget
Genre : BiographieDate de publication (pays d'origine) : juin 1990Langue d'origine : Français

Éditeur :

Société d'Histoire de la Martinique

Résumé : Les sultanes ont la vie dure. Je ne suis pas sûre que, en dépit du coup fatal que vient de porter Jacques Petitjean-Roget à Aimée Dubuc de Rivery, les Français, concitoyens de cette dernière, ne continuent pas à voir en sa personne, auréolée de gloire et douée des plus nobles qualités, la favorite d'Abdul Hamid Ier et la mère de son fils Mahmoud II. Ils y sont aidés par une abondante littérature. Un roman princier récemment paru en est la preuve. Mais il n'existe pas de déontologie en matière de roman historique, où tout peut être imaginable sinon imaginaire. Cependant, l'enquête patiente menée par l'auteur à travers les généalogies familiales, les registres paroissiaux, les archives, la presse, enquête serrée et digne du commissaire Maigret, lui permet, en s'appuyant sur les actes de naissance et de décès, au Robert, des filles de Henry Dubuq de Rivery et de Marie Anne d'Arbousset Beaufond (mariés au Robert le 24 mai 1773) d'isoler les deux actes de naissance susceptibles de concerner son héroïne, ceux d'Aimée Augustine Marie Joseph, née le 4 décembre 1776, et celui de Rosé Henriette Germaine, née le 26 février 1778. Leur âge à la naissance du futur Mahmoud II (20 septembre 1785) interdit de leur attribuer cette maternité. Elles auraient eu respectivement 8 et 5 ans. S'appuyant sur d'autres indices (notamment le ductus de deux signatures d'Aimée Dubuc au bas d'actes d'état civil), il pense qu'Aimée Augustine pourrait partiellement s'identifier à la sultane du mythe. Nous lui faisons confiance. Cependant, et c'est ce qui fait l'intérêt essentiel de cet ouvrage, Jacques Petitjean-Roget ne s'est pas arrêté là. Il a passé au crible tout ce qui, de près ou de loin, pouvait avoir donné au mythe de la sultane Validé : La reine de Golconde de Boufflers, le feuilleton d'un nommé Saint Raymond dans le journal Le Régulateur en 1820, Aline ou la sultane Validé de E. Jouy, de l'Académie française, quelques lignes de Sidney Daney dans son histoire de la Martinique, réfutées par Dessales, et, plus proches, Silhouettes et Documents, de Madame du Theil, et l'ouvrage de Michel de Grèce. A la fin de cette lecture qui confond par son érudition, la légende d'une jeune fille prise par les Barbaresques, favorite d'Abdul Hamid Ier, mère de Mahmoud II, est savamment enterrée. Quant aux nombreux auteurs qui lui ont donné naissance ou qui l'ont propagée, ils ont beaucoup de plomb dans l'aile. Marie-Antoinette MENER