Ce court récit sous forme de journal couvrant la période sept.1942-sept.1943 est absolument passionnant.
Il nous plonge au cœur du dilemme que vécurent un grand nombre de russes patriotes : faut-il choisir entre la peste (Staline) et le choléra (Hitler)? Andreï Vlassov, héro de l'Armée rouge, a pourtant choisi (après avoir été capturé) de sceller un pacte avec le diable pour -croit il- offrir à la Russie une chance de se débarrasser du totalitarisme internationaliste.
Ce récit, supposément rédigé par un proche collaborateur, nous présente les scrupules qui rongent très vite cet officier, alors promulgué commandant en chef de l'Armée russe de libération. En effet il s'aperçoit d'abord que l'armée allemande ne peut pas gagner la guerre, et ensuite que même si elle sortait vainqueur, la Russie serait démembrée et réduite à l'état de colonie allemande.
Approché par les officiers allemands souhaitant renverser Hitler en vue de négocier une paix séparée avec les Anglo-saxons, la tentation est grande pour Vlassov de rejoindre le "camp de bien". Mais il se rend à la raison, les anglo-saxons non plus ne voudrons jamais d'une Russie nationale retournée à sa grandeur passée…
Ainsi Vlassov se sait condamné, quelle que soit l'issue de la guerre il sera voué à la potence.
On regrettera que la source de ce récit ne soit pas fiable. Pourrait-il s'agir d'un faux, rédigé par la propagande soviétique? Cela semble fort probable tant les allemands sont représentés de manière détestable… mais peut-être en était il juste ainsi? Curieusement, ce récit qui interroge nous pousse plus à comprendre, voire à pardonner la posture de ce général qui a pourtant trahi le Komintern.
Peut-être les propagandistes soviétiques avaient ils commencé à retrouver le sens de la patrie, et la volonté de défendre avant tout la Russie, partout où elle s'est battue?