J'ai pas oublié! On m'a volée/copiée et oubliée de me citer. (Extraits choisis).

(Publiée 27/01/23; puis j'ai ajouté à la fin les avis d'autres personnes plus sérieuses que moi; avis mentionnés désormais par l'éditeur dans ses publicités).
Epatant livre de chevet. Cette Lotte Eisner que je découvre notamment co-Directrice de la Cinémathèque de Paris, a une voix singulière que j'entends de suite. Elle nous fait entendre, entre autres, aussi celles d'Eric von Stroheim, Louise Brooks etc.

Quand je l'ai commencé, elle m'a saisi d'emblée, puis j'ai essayé de l'ouvrir au hasard et suis tombé à chaque fois sur de riches passages plein d'infos avec un ton direct et sincère.

La dernière voix qui m'était apparue comme ça avait été pour l'autobiographie de Bulle Ogier, dont je me demande aussi si elle l'a lue à haute voix pour un podcast ou en simple audio book: 'J'ai oublié' de Bulle Ogier.

Il fourmille en anecdotes et surtout éclairages d'oeuvres que je dois encore découvrir: ça me rappelle toutes les pistes et ravissement du nouveau Michel Ciment 'Passeport pour Hollywood' (revu et enrichi).

Je dois cette découverte à un article (bien meilleur que mes quelques mini remarques) d'un Jean-Pierre Bouyxou dans Siné Mensuel (Janvier 2023, page 28):

** _(...)""On savait qu'elle avait été une immense historienne du cinéma. En lisant ses Mémoires, on découvre que Lotte H. Eisner (1896-1983) fut aussi, de cent façons, une bourlingueuse. Car, pour elle, la cinéphilie ne cessa jamais d'être une aventure.

(on croise): L'Ecran démoniaque; Henri Langlois; Le Cabinet du docteur Caligari; Lang; Murnau; la femme de Werner Herzog." (...) **

(Jean-Pierre Bouyxou dans Siné Mensuel, Janvier 2023).

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_"(...) sort chez Marest, un éditeur à suivre de près: c'est également lui qui publie Camp!, le maître ouvrage de Pascal Françaix (...)"

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Morceaux choisis:

(...)"Cette soif d'indépendance n'a pas rendu la vie facile à Louise(Brooks) . Peu après son retour à Hollywood, à la période où on prenait prétexte de l'arrivée du parlant pour se débarrasser de certaines stars afin d'en privilégier d'autres, elle raccrocha les gants. Au sommet de sa carrière, Louise Brooks se retira dans un anonymat dont elle ne sortit que des années plus tard, en faisant entendre sa prose puissante. L'article qu'elle a écrit sur Buster Keaton lorsqu'il était encore en vie et qu'elle acheva alors qu'il était à l'agonie est un de mes préférés. Voilà ce qu'elle m'écrivit quelques jours après le décès de Keaton, dans une lettre du 05/02/66: "(...)On lui cacha qu'il avait un cancer des poumons incurable et qu'il était proche de la mort. Un lundi soir comme tant d'autres, il alla se coucher, tomba dans la coma et mourut...C'est un exemple hors du commun du pouvoir de l'esprit. Buster ne s'est jamais plaint d'aucune souffrance , jusqu'au dernier instant. C'est bon de savoir qu'il est mort fier, et à l'image de ce qu'il avait toujours été."

"Désormais, Louise est aussi clouée au lit (...) Peu de gens savent qu'elle est encore en vie (...texte paru en 1984...) De temps en temps , je reçois de sa part quelques courts messages griffonnés à la main." (page 118)

"(...) les films tournés par Pabst sous le régime nazi étaient médiocres, creux et insignifiants (...)s'il s'était rendu coupable de quelque chose, c'était de complaisance et de passivité" (page 116) (...)"Pour moi, Pabst est un opportuniste, sinon un nazi. A cause de mon hostilité à son égard, il n'a pas donné ses archives à la Cinémathèque française (...)" (...) "Mon affirmation que Pabst était devenu nazi avait tellement choqué Louise (Brooks) qu'elle ne réussit pas à rédiger son deuxième article sur son travail à Berlin": (Louise m'écrivit) "(...)il est impossible qu'un homme tel que Pabst, si égoïste que c'en était inhumain, qui ne vivait que pour ses films, qui blêmissait à être lié à qui que ce soit ou qui que ce fut, puisse être nazi. il est revenu en Allemagne parce que c'était le seul endroit où il pouvait faire des films, Hollywood l'avait détruit" (...)* (Louise Brooks)

" (George Marshall vient pour la sortir le soir). Ce n'était pas du goût de Pabst qui voulait voir Louise fraiche comme la rosée du matin sur le plateau." (page 117).

"Un soir, Louise, éméchée, se mit en tête de séduire le respectable Allemand (...) Elle rejeta ce qu'il exigeait d'elle, c'est à dire qu'elle reste en Allemagne sous sa surveillance. Elle m'écrivit (...):* "Pour ce qui est du cerveau, je suis une imbécile, mais pour ce qui est de l'intuition et des émotions, je ne me suis jamais trompé concernant Pabst (...) je le laissai vociférer. Car je savais qu'il allait se lasser de moi et me pousser hors du Pabst-express - et je n'avais pas envie de finir estropié moi aussi"* (ndlr: Louise Brooks fait allusion au fait que ce Pabst se sent responsable de l'accident et handicap de son (seul?) fils, resté à cause de lui, alors qu'il avait eu opportunité de partir).

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Quand la fiction est en deçà de la réalité et l'ironie du sort étonnante? Von Stroheim a joué dans 'Boulevard du crépuscule' un homme dévoué à une grande actrice ruinée dans luxueuse villa...

alors je tombe des nues quand je lis page 294, Lotte Eisner m'apprendre:

"Peu avant sa mort, je rendis visite avec Henri (Langlois) à Erich von Stoheim, au château de Maurepas. Le réalisateur y vivait dans un décor féodal avec Denis Vernac, une ancienne actrice qui avait sacrifié sa carrière au génie de cet homme excentrique. Depuis des années, Stroheim, sans le savoir, croulait sous les dettes. Denise le protégeait des créanciers pour qu'il puisse garder sa Cadillac blanche aux chromes rutilants, une femme de ménage, un valet, une cuisinière et la décoration fantastique de son château. (...) Des sabres au pommeau ouvragé ornaient les murs, il n'y avait en guise de chaise qu'une selle de cheval brodée avec des étriers devant l'immense table de travail en bois poli, sur laquelle trônait une photo du maître, en jeune cadet, vêtu d'un uniforme blanc. Aujourd'hui chacun sait (sic) que cet aspirant officier de l'aristocratie viennoise n'a jamais fait l'armée et n'était autre que le fils d'un modeste chapelier juif. Cependant , il jouait son rôle si parfaitement et ressemblait si peu à un parvenu ou à un imposteur qu'on est en droit de préférer sa légende. En tout cas, moi, j'y ai toujours cru, même quand tous les faits semblaient la démentir." (Lotte Eisner)

"(...) Déjà à demi paralysé par la maladie, (von Stoheim) était étendu sur un lit d'apparat recouvert de velours rouge, dans une somptueuse robe de chambre de soie noire, avec la célèbre minerve blanche qu'il portait dans La Grande Illusion..."Vos articles à mon sujet sont les seuls qui font preuve d'intelligence(...)Je suis heureux que votre article ne soit pas devenu une nécrologie."

"Deux mois plus tard, le 13 mai 1957, Erich mourait. (...) Ce fut joyeusement burlesque, (...)stroheimesque. Alors que le long et somptueux cortège funèbre avançait vers l'église, (...) il sembla que le défunt dirigeait une dernière fois la mise en scène: un troupeau de vaches quitta sa prairie pour se mêler à la procession silencieuse." (Lotte Eisner, page 295)


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"Chaplin nous avait confiés ses films car il considérait ses droits plus sûrement gardés chez nous, or le bruit circulait qu'ils avaient été cédés à des tiers". (page 312)

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AVIS D'AUTRES LECTEURS PLUS COMPETENTS QUE MOI:
_"Premiers retours de lecture sur les Mémoires de Lotte H. Eisner:
« une traversée du siècle aussi capitale qu’indispensable »
Vincent Roussel, Culturopoing
« passionnants et irrévérencieux Mémoires »
Joséphine Leroy, Trois Couleurs
« Une incroyable mine d’or »
Librairie Gallimard
« Ses Mémoires sont un régal »
Sophie Grassin, L’OBS
"Au-delà de cinq cents lecteurs, c'est un malentendu. »
Citation prêtée à Henri Michaux
« n’est-ce pas, Lotte Eisner ? »
Jean-Luc Godard, Histoire(s) du cinéma
« Le verbe est précis et pudique »
Anthony Raffé, Radio Balistik
« une présence godardienne qui, à juste titre, viendra ici hanter le mot de la fin »
Jean Thooris, Pop, Cultures & Cie
« lu et approuvé »
Librairie Lamartine
« Lorsque les têtes rouleront, cette tête roulera. » (L'avenir promis à Lotte Eisner par le parti nazi, en 1932, J'avais jadis une belle patrie)
« un livre passionnant »
Michel Ciment, Positif« un livre enchanteur »
Jean-Pierre Bouyxou, Siné Hebdo« J’ai souvent imaginé que, si j’avais été un homme, j’aurais été homosexuel »
Lotte H. Eisner, J’avais jadis une belle patrie« à lire de toute urgence »
Antoine de Baecque, Transfuge

« une véritable traversée du siècle »
Alexandre Piletitch, Revus & Corrigés
« Henri [Langlois] n'ayant rien de commun avec son père, si bourgeois et pragmatique, j’affirme avec une certaine audace qu’il était le fruit d’une liaison entre sa mère et un Oriental. »
Lotte H. Eisner, J’avais jadis une belle patrie
« un livre exceptionnel »
Librairie La Petite Égypte
“ I would not know what to add to my foreword of the first one. I think it is still lively, and still valid, and still the right thing for me as a comment.”
Werner Herzog, courriel à l'éditeur, 1er décembre 2021

« enfin traduits en français »
Les Inrockuptibles
« "Qui de nous deux appartient à une race corrompue, ici", pensai-je avec fureur. »
Lotte H. Eisner, J’avais jadis une belle patrie
« des Mémoires passionnants »
Guillaume Contré, Le Matricule des anges
« un vrai plaisir de lecture »
Jacques Aumont
« grand cru »
Télérama
« captivant »
Librairie de la Cinémathèque française
« Il était rare que j’utilise les toilettes de la Cinémathèque, ayant une excellente vessie. »
Lotte Eisner, J’avais jadis une belle patrie
« la seule chose que j’apprécie vraiment, c’est une motocyclette »
Henri Michaux, cité par Luc Chomarat...

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le 25 juil. 2023

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