Issu du rock underground parisien (il fait notamment partie du collectif Spoke Orchestra), Franco Mannara se lance aujourd’hui dans l'écriture avec Je m'appelle Birdy, son premier roman – un polar fortement inspiré de son univers musical. Il y narre l’histoire de Paolo, guitariste dans un groupe de rock underground (tiens, tiens !) qui, pour éponger ses dettes, va être contraint d’accepter un boulot de détective privé. La filature que son patron va lui confier va le conduire au sein d’une sphère malsaine où le stupre et l’avilissement sont rois, une sphère dévote qui se croit investie d’une mission divine : éradiquer les mécréants de la surface du globe à l’aide d’une drogue de sa fabrication, une nouvelle substance foudroyante amalgamée en petites pilules bleues. C’est lors de cette mission qu’il va faire la connaissance de l’énigmatique et fascinante Birdy du titre.


Plongée sombre dans les perversions les plus abjectes (certaines scènes sont vraiment crues), dans un monde sans foi ni loi où l’être humain en est réduit à n’être qu’une pompe à fric ou à foutre, au choix, Je m’appelle Birdy est clairement ancré dans la dépravation ; sexe, drogue et rock’n’roll pourrait être le credo de ce roman, même si seul le rock’n’roll y est dépeint de manière élogieuse. La musique est d’ailleurs omniprésente dans le récit et l’auteur a poussé l’ancrage jusqu’à donner le nom d’une célèbre marque d’instruments de musique à l’un de ses personnages, le bien nommé inspecteur Ibanez.


Dans ce roman, Franco Mannara s’évertue à pointer du doigt, par le truchement de ses mots, certains maux de notre société, certains comportements endémiques tels que la recherche du buzz à tout prix ou la quête du sentiment d’existence au travers de comportements dangereux et potentiellement fatals. Il interroge sur la servitude, la dépendance, le désarroi, et dénonce la folie qu’engendre l’extrémisme religieux (mais en mettant en scène des catholiques, pas des musulmans, ce qui est une très bonne idée). Le tout dans un style très « rock », comme les personnages du récit et comme l’auteur lui-même.


Un livre très agréable à lire, bien écrit, servi par une intrigue savamment construite et avec juste la dose de perversité qu’il faut pour en accroître l’intérêt.

Cortex69
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le 7 avr. 2017

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Cédric Moreau

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