Le monde dont son père est originaire lui est totalement inconnu. Il a éprouvé le besoin urgent de faire parler ce père autrefois taiseux, de le comprendre, de l'écouter pour transmettre sa mémoire. Faire enfin la connaissance de celui qui durant toute son enfance s'est tu sur son passé. Il s'appelle Rami Ahmed, il est né en 1944 à Falloujah en Irak, il a quitté son pays en 1972. Rami, aujourd'hui, ne reconnait même plus son fils, il a perdu la mémoire.
En vingt ans, l'Irak, le pays des mille et une nuits, est devenu un immense champ de bataille et surtout, un immense champ de ruine. Feurat Alani remonte le fil de l'histoire de son pays à travers la famille d'Euphrate, le narrateur.
C'est une plume toute en émotion qui raconte la quête d'un homme à la recherche de ses racines. Les souvenirs du père alternent avec ceux du fils ; la chambre 219 où son père est hospitalisé, Bagdad sous les bombes américaines suite à l'envahissement du Koweït, l'embargo et la faim qui s'installe. L'enfance avec Hatem le petit gardien de buffles, l'ami de toujours, ils s'entraident dans l'espoir de changer leur destin. La mort de Moujah sa mère, la haine de sa belle-mère, Saad le demi-frère fourbe qui se délecte à faire souffrir les petits animaux. La prise du pouvoir par le parti Bass de Saddam Hussein, le début du règne de la terreur, des tortures, des exécutions. Les moqueries, les humiliations pour le fils. L'arrestation, la prison, l'exil pour le père. le ciel de Bagdad qui s'illumine sous les tirs des missiles, Saddam arrêté, jugé et exécuté, l'occupation américaine. Un voyage en Irak, pour découvrit Falloujah la ville de son père et toute cette grande famille qu'il n'a jamais connue.
Une belle déclaration d'amour d'un fils à son père et à son pays. Un roman qui décrit parfaitement les souffrances d'un peuple qui sans cesse subit les dommages collatéraux d'une dictature aveugle et de guerres destructrices. Une profonde réflexion sur l'identité, sur le déracinement, la différence.