Les épreuves sont le lot de tout homme qui souhaite se dépasser et s'élever dans notre vaste monde, et Daniel Tammet, l'autiste-savant, a eu la "chance" d'être né avec un "beau" handicap, soit un cerveau qui n'est pas bâti comme le commun des mortels.
Les premières pages où Daniel décrit comment son esprit transmute les mots et les nombres en sons, couleurs, formes, émotions sont de loin les plus fascinantes de son autobiographie. On saisit, avec une grosse pointe d'envie, le lien presque charnel qu'il entretient avec ces graphies, pour mieux les appréhender et les mémoriser (même si plus tard, on est un peu surpris que, entre autres, l'algèbre ne soit pas sa tasse de thé).
Passé ce chapitre, le reste du livre est beaucoup plus conventionnel, et n'apprend rien de vraiment nouveau sur le monde autistique, qu'on ne connaisse déjà.
Ainsi, dans une langue simple et très concrète (Tammet a beaucoup de mal avec tout ce qui tient de l'abstraction), on suit tranquillement le parcours d'un enfant, d'un adolescent, puis d'un homme qui peu à peu, s'échine à réduire la distance qui le sépare de l'homme "normal". C'est là tout le combat de Tammet : Juguler ses nombreuses angoisses liées à ses hypersensibilités, et vaincre ses altérations sociales. Bien sur, ses progrès sont constants, à tel point qu'on finit totalement par oublier que l'auteur est né autiste. Sans doute là sa plus grande victoire sur la vie, à défaut d'avoir fait un grand livre sur son monde intérieur.
Mais ça se laisse lire, et c'est déjà pas mal...