J’ai découvert Thoreau grâce à Charlie et Christopher. Walden a été une lecture très instructive et qui a trouvé écho en moi. Je regrettais néanmoins de ne pas savoir davantage sur l’homme en lui-même.
Sur Sens Critique, un lecteur m’a alors conseillé de lire ses correspondances avec son ami Harrison Blake. Par chance, la médiathèque de ma commune l’avait. Sitôt trouvé sitôt lu.
Il est vrai qu’ici j’ai découvert plus l’homme que le naturaliste même si ses aspirations professionnelles et » religieuses » ne sont jamais loin. Mais, il est évident qu’ici l’humain est au cœur de ses interrogations et de ses pensées.
Je me suis beaucoup posée de questions sur les amours, la sexualité de Thoreau lorsque j’avais lu Walden. Dans ses lettres, il en parle mais vaguement; pour le coup, je pense qu’un biographie pourra m’en apprendre davantage encore. Cependant, l’auteur donne des conseils maritaux à son ami Blake. Le désir est lui aussi évoqué mais il semble au delà de ça du moins au moment où il l’écrit.
Je ne respecte que mes aspirations. C’est par elles que je parle ».
En revanche, il parle de son travail dans la ferme familiale au côté de son frère. On remarque d’ailleurs que la nature n’est jamais loin. Il y trouve toutes les ressources physiques et psychiques dont il a besoin. Thoreau devient aussi le spectateur, le témoin de cette nature sans cesse en mouvement.
Il est aussi beaucoup question de son modèle: Ralph Emmerson. D’ailleurs, les deux hommes se retrouvaient souvent à Concord avec d’autres amis pour refaire le monde notamment sur la question de l’esclavagisme.
Le monde dans lequel vit Thoreau connait des heures troublées mais paradoxalement on ne ressent ça que lorsque le romancier est en ville pour des conférences. Comme si au fond, la nature le protégeait l’éloignait de la bêtise, de la folie des hommes. Réculé au fin fond de sa campagne, ce sentiment disparait pour laisser place à sa quête de vérité, d’authenticité.
En donnant des conseils à son ami, Thoreau ne se pose jamais en détenteur de la vérité absolue ni en modèle. L’homme n’échappe d’ailleurs pas aux doutes, à une remise en question (perpétuelle?). Il cherche toujours des réponses à ses questions en faisant l’expérience de la vie et parfois, il en tire des conclusions. Pour autant, il n’est ni radical ni moralisateur.
Parfois aussi, sa recherche me fait penser au célèbre Connais-toi-toi-même de Platon. Cette obligation ou plutôt ce devoir moral ou encore cette aspiration que devrait avoir chaque être humain. Se connaitre pour connaitre et comprendre le monde qui nous entoure.
Je suis simplement ce que je suis ».
Sa vision de la religion est aussi exposée et elle a fait remonter en moi de vieux souvenirs de philosophie. Ces philosophes ( Spinoza en autre?) qui considéraient que Dieu était en chacun de nous, et partout autour de nous: le panthéisme. Je dois dire que c’est une vision qui me plait car elle est en dehors de toute représentation imposée par des mouvements religieux. Elle suppose aussi comme le dit si bien l’auteur: » Je crois en quelque chose, et il n’existe rien d’autres que cela. je sais que je suis. Je sais qu’il y a quelqu’un d’autre qui en sait plus que moi. Dont, en quelque sorte, je suis la créature et le parent ».
Il n’y a pas à dire, Thoreau était brillant et à l’avance sur son temps tout comme Emmerson. Une chose est sûre, nous avons encore beaucoup à apprendre sur eux d’autant que leurs travaux, leurs recherches ont une résonance tout à fait contemporaines.
J’ai envie de lire Désobéissance civile pour le coup et enchainer sur une biographie pour me lancer ensuite du côté d’Emmerson. Affaire à suivre….