Jérusalem
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Jérusalem

livre de Alan Moore (2016)

Un petit aparté avant de commencer...



Un fois terminé ce livre, je me suis amusé à faire un test. A l'aide
d'une appli smartphone faite pour ça, j'ai scanné puis compté les
signes de plusieurs pages et fait une vague moyenne.
En regardant le nombre de pages, ça m'a permis d'évaluer de
façon grossière le nombre de signes contenus dans ce livre.
J'ai fait ensuite la même chose avec "Au bonheur des ogres" de
Daniel Pennac (pas très dense, ok... il se lit très vite).
Un livre que j'ai lu récemment pour faire une pose dans ma
lecture du livre de Moore.
Moralité ?... On peut dire que Jérusalem contient plus de 11 fois
"Au bonheur des ogres" ! :D Calcul totalement inutile, mais
ça m'amusait de le faire.





Oui.. Jérusalem est un gros... très gros livre.
C'est ce qui saute aux yeux la première fois qu'on le prend en main. Un gros bottin de 1265 pages fines et à l'écriture serrée. C'est -pour ma part- la première fois que je lis un livre si conséquent et il faut être motivé pour attaquer un tel ouvrage.


Alan Moore, célèbre scénariste de BDs mondialement reconnues, telles que Watchmen, From Hell, V or Vendetta ou encore La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, (et bien d'autres)... a écrit ici un immense roman fantastique qui lui a demandé 10 ans pour être achevé.
Un roman fantastique mais construit entièrement autour de faits, d'évènements et de lieux réels. Comme c'était déjà le cas avec "From Hell"... on ne peut qu'être impressionné par la densité du travail de documentation sur lequel il repose.
L'auteur signe là une déclaration d'amour à Northampton, la ville dans laquelle il est né et où il vit toujours. On la suit au travers des siècles... jalonnés par les conflits, les démolitions et les reconstructions de quartiers et dans laquelle sont passés un grand nombre de personnalités connues : écrivains, artistes, et personnages historiques.
On ressent aussi constamment son intérêt et ses penchants pour la magie (le fantastique, les univers parallèles,...etc...) et ses convictions politiques. A travers le portrait de cette ville qu'il connait si bien -et dont il connait si bien l'histoire et les gens- s'exprime constamment son attachement et sa sympathie envers la classe ouvrière anglaise.


On suit d'abord différentes tranches de vies, éparpillées sur les siècles, apparemment sans rapports, mais des liens viennent petit à petit se tisser entre ces nombreux parcours. Liens familiaux -car l'attention est en priorité portée à la lignée de la famille Vernall-Warren- et liens géographiques car tout prend place dans l'histoire passée et présente de cette unique ville (en dehors d'un court passage qui se passe à Londres).
On suit ensuite un groupe d'enfants, dans un univers parallèle... une version "magique" qui vient se superposer sur le plan de ville... mais je n'en dis pas plus pour laisser le plaisir de la découverte aux futurs lecteurs.


J'en profite pour faire une petite parenthèse avant d'aller plus loin...



Lorsque j'ai atteint en gros le premier tier du livre, j'ai senti
que je perdais pied avec ce récit et son univers.
Trop de personnages différents, trop de destins différents qui
s'entrecroisent, trop d'époques différentes, trop de lieux dans
une ville dont je ne connaissais rien et dont j'imaginais du coup
difficilement l'aspect et l'ambiance. J'ai alors décidé de
reprendre le livre depuis le début en effectuant deux choses
que je n'avais pas faites lors de ma première lecture :
- J'ai constitué petit à petit l'arbre généalogique de la famille
Vernall-Warren... pour mieux comprendre et retenir qui est
le fils, la fille, ou la grand-mère de qui.
Je le met en lien ici, si cela peut faciliter la vie à certains d'entre vous.
- J'ai régulièrement été sur Google Maps, utiliser "Street View"
pour voir à quoi ressemblent les rues et les quartiers dont on me parlait.
Bien sur, certaines choses ont changé... mais ça aide déjà
énormément à se plonger un peu plus dans l'ambiance des
rues dont nous parle l'auteur (d'autant que pas mal de chapitres
parlent du Northampton de ces dernières années).
J'encourage ceux qui aiment ce livre à faire la même chose. On
se sent d'autant plus proche des événements relatés et
des personnages si l'univers dans lequel tout prend place
n'est pas totalement abstrait.



J'ai trouvé ensuite que le livre se dispersait malheureusement un peu trop.
Alan Moore semble vouloir un peu "tout mettre" dans son livre.... toutes ses compétences d'écrivain, comme toutes ses connaissances sur l’histoire de Northampton. Un chapitre est écrit dans une écriture phonétique extrêmement pénible à lire (pour moi en tout cas)... hommage au Finnegans Wake de Joyce, le chapitre étant consacré à Lucia Joyce, la fille du grand écrivain internée à l'asile de Saint-Andrews de Northampton. Un autre fait se croiser Samuel Beckett, John Clare, John Bunyan. Un troisième est écrit entièrement en alexandrins.
Le lien avec Northampton est toujours là, mais j'ai malgré tout trouvé que le récit se dispersait trop dans ce gros dernier tier du livre. La densité de tout ça est devenue parfois pénible et j'ai largement ralenti ma lecture...au point de faire de grandes poses de plus en plus régulières.


C'est le grand défaut que j'ai trouvé à "Jérusalem".
Si j'ai aimé le voyage qu'il propose... tout n'a pas été facile non plus. Le finir m'a vraiment demandé un effort personnel (je n'aime pas abandonner quelque chose aux deux tiers... et encore moins du Alan Moore)... et je n'ai au final jamais mis autant de temps à finir un livre (8 mois... et oui.. carrément).
Je ne suis déjà pas un lecteur rapide au départ, mais j'en suis arrivé à lire parfois une page par jour (lors du fameux chapitre sur Lucia Joyce).... et parfois à laisser le livre de côté pendant une ou deux semaines avant de le reprendre.


Un bon livre de par son originalité, le voyage qu'il propose dans le passé, dans la culture de cette ville ouvrière anglaise et dans la vision fantastique de l'auteur. Un bon livre aussi pour la densité d'informations et le travail impressionnant de documentation sur lequel il s’appuie. La passion d'Alan Moore pour sa ville transparaît tout du long.
Mais j'ai regretté un dernier tier dans lequel l'auteur semble parfois un peu s'égarer et je crains que pas mal de lecteurs ne lâchent le livre avant la fin. Pour ma part, ça aurait certainement été le cas si il ne s'agissait pas d'un de mes auteurs préférés.

Moot70
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le 16 sept. 2018

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Moot70

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