J'ai décidé de recommander cette lecture. Pas parce que ce livre va trouver une place importante sur la meilleur étagère de ma bibliothèque (vous savez, celle du haut, où on fait la poussière de façon un peu plus disciplinée) mais parce que la lecture m'aura marqué. Parce que je trouve ça bien de trouver ce livre au rayon des nouveautés de notre rentrée littéraire. J'y ai appris des choses que je me sentais bête de ne pas savoir avant, et je vous conseille de faire pareil parce que parfois, ça fait un bien fou de se sentir bête (comme quand on est amoureux. Mais en moins fort et en plus rassurant.)
Ce livre ne parle pas du racisme que l'on évoque souvent qui oppose l'Homme blanc se sentant supérieur à l'Homme noir. Il évoque le racisme qui oppose le canadien blanc aux indiens dont les différentes tribus ont été malmenées depuis plusieurs générations. C'est l'histoire de l'un d'eux, Saul Indian Horse, enfant de la tribu des ojibwés qui à la mort de son frère et de ses parents a intégré un internat (Blanc. Catholique.). Le but des prêtres et soeurs sur place était d'effacer l'indianité des enfants, de les convertir au catholicisme (en leur imposant des prières par coeur dans une langue qu'il ne comprennent pas, évidemment...) et bien sûr de leur faire clairement comprendre que malgré tous les efforts, ils sont et resteront d'une culture et d'une race inférieure. Au milieu de cette maltraitance physique et morale, Saul découvre le sport et plus précisément le hockey, un jeu qui lui permettra peut-être de sortir du lot et de se frayer un chemin vers la liberté. Evidemment, comme ce livre parle de discrimination, le monde sportif n'est pas toujours fédérateur.
Alors, oui je la conseille cette lecture parce que quand on me parle de Canada je pense pancakes au sirop d'érable sur fond d'été indien et de caribou qui broute en bord de lac. Mais en fait non, c'est un tort. Parce qu'avant les chemises à carreaux et les accents rigolos, il y avait (et il y a encore, pas assez fortement) des hommes et des femmes qui vivaient avec leurs croyances, leurs modes de vie beaucoup plus respectueux de la nature qui ont été véritablement étouffé par cette colonisation. Et si on en parle peut-être dans les livres d'Histoire à Montréal ou à Toronto, de l'autre côté de l'Atlantique, chez nous, je crois que c'est assez discret. En tout cas il aura fallut attendre le décès de cet auteur indigène canadien cette année pour qu'une traduction posthume paraisse en France. C'est joliment écrit, et ça donne envie d'en savoir plus sur une culture que certains auteurs peinent à faire vivre.