On ne sort pas indemne du voyage au pays de Franz Kafka. Qu'on se laisse embarquer ou qu'on saute du train en marche, quelque chose en nous est remué du plus profond. Accompagner Franz sur le chemin de sa vie, d'accord, mais sur la pointe des pieds, tout en délicatesse, pour ne pas effaroucher l'extrême sensibilité de cet être humain si particulier, ne pas interrompre ses longs monologues parfois tortueux et parfois d'une simplicité enfantine. C'est aussi assister à l'éclosion de l'écriture comme tentative de survie, survie à la famille assassine, aux conventions sociales meurtrières, aux amours contrariées et impossibles, à l'amitié insuffisante. Entendre la plainte d'un homme en souffrance, en proie à ses cauchemars. En lutte avec le sommeil, antichambre de la mort. Et pourtant... Franz était drôle, faisait rire sa soeur par ses lectures théatrales, ses dessins, sa vision aiguë des choses et des êtres qui l'entouraient. On pourrait penser que, pour citer Georges Perec, Franz Kafka était un être pour lequel "vivre c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner". L'âme et le corps de Franz étaient remplis d'ecchymoses.
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