Tu n'es pas le genre de type à trainer dans un endroit pareil à une heure aussi tardive. Et pourtant tu es là, sans pouvoir prétendre que le lieu te soit etranger, même si les détails manquent de neteté. Te voila même en grande conversation avec une fille au crâne rasé.
Ainsi commence ce premier roman qui a rendu Jay McInerney célèbre en 1984. La dernière fois que j'ai lu un livre écrit à la deuxième personne du singulier, c'était un 'livre dont vous êtes le héros' !
Le journal d'un oiseau de nuit s'est vu affubler d'un titre sans rapport avec l'original dont la traduction la plus juste est : les lumières de la ville. C'est le récit d'une semaine de la vie d'un jeune newyorkais. Il travaille comme correcteur dans un journal, digère difficilement que sa femme l'ait plaqué il y a quelques mois et s'oublie chaque nuit dans les boites de nuit de la grande ville, rencontrant des inconnues, buvant et sniffant de la coke...
On se demande pendant tout le livre si le héros fuit quelque chose ou s'il s'agit d'une quête sans but comme celle que poursuivent les héros de 'moins que zéro', le premier roman de Brett Easton Ellis, sorti la même année.
Il faut attendre les trente dernières pages pour comprendre que c'est la disparition de sa mère un an plus tôt au terme d'un long cancer que le héros essaye d'oublier. Ce souvenir fait l'objet d'un magnifique chapitre retraçant une nuit de veille où mère et fils se confient. A la différence des héros de Brett Ellis, le héros de Bright Lights, Big city décide de tourner la page.
Un livre qui interpèle le lecteur en l'apostrophant...on croirait être le héros de cette déambulation dans le New York des années 80.