Il était une fois un couple : Pata et Madie, et leurs neuf enfants: Louie, Noé, Sidonie, Émilie, Liam, Mattéo, Lotte, Marion et Perrine. Une famille heureuse… à ceci près que leur maison s'est retrouvée entourée d'eau et donc coupée du monde : « Devant eux, c'était la mer, mais pas que. Derrière, à gauche, à droite, c'était aussi la mer. En six jours, ils n'avaient pas eu le temps de s'habituer, mais ils avaient compris que le monde ne serait plus jamais comme avant. »


Que s'était-il passé ?


Une vague puissante transformée en raz-de-marée avait recouvert les terres. D'après le père, « sur l'île perdue dans la mer en face d'eux, le volcan s'était effondré. » Ils en avaient réchappé car leur maison, perchée sur une colline, s'était trouvée protégée par l'altitude.


Autour, tout avait disparu : les hommes, les bêtes, les végétaux, tout était mort noyé, recouvert d'une vaste étendue d'eau.


Les politiques savaient-ils ? Si oui, pourquoi n'avaient-ils rien dit, rien fait ? Quelques vieux du village avaient bien senti que le climat n'était plus le même mais on les avait pris pour des fous. (Tiens, ça me rappelle des choses qu'on entend à la radio tous les jours, des histoires de réchauffement climatique, d'événements météorologiques extrêmes, de montée des eaux, de villes côtières menacées et d'îles du Pacifique déjà englouties…)


C'est Louie qui nourrissait les poules ce soir-là et qui l'avait vue arriver le premier, cette terrible vague. Depuis, sur la mer, flottaient quelques cadavres, on apercevait au loin deux, trois embarcations.


Terrible.


Mais le pire était à venir : « le septième jour, l'eau se remit à monter ». Ils devaient partir, tout allait certainement être rapidement englouti. Les parents possédaient une barque, oui, il fallait un peu la réparer mais c'était déjà ça. Aller vers l'Est, vers les hautes terres. Fuir au plus vite.


Oui mais onze personnes dans la barque, ce n'était même pas envisageable. Le père devait ramer, la mère s'occuper des petits. Il fallait donc laisser trois gamins et sauver le reste de la tribu. Abandonner trois enfants, mais lesquels ?


Le choix de Madie… Impensable choix…


J'ai lu ce roman comme un conte (Le Petit Poucet?), un conte terrible, effrayant, ponctué de références mythologiques et bibliques, une histoire oppressante qui nous serre la gorge à chaque moment parce que la mort est là, toujours, omniprésente, dans la tempête qui se prépare, l'eau et la nourriture qui viennent à manquer, les mauvaises rencontres, et cette eau qui monte toujours, grignotant quotidiennement quelques mètres du terrain comme une bête affamée. Pour tout vous avouer, j'en ai même fait un cauchemar ! Inutile de me proposer une balade en mer… Je crois que je vais mettre un peu de temps à me réconcilier avec l'espace marin. D'ailleurs, il paraît que Sandrine Collette a elle-même une peur panique de l'eau. Elle a donc d'autant mieux su nous transmettre sa terreur…


Sans conteste, l'auteur est talentueuse : elle maîtrise parfaitement les règles du suspense et cette montée de l'eau incessante est particulièrement angoissante. C'est donc un roman vraiment réussi malgré, peut-être, quelques longueurs (il faut dire, j'avais tellement hâte de savoir ce qui allait arriver aux gamins que j'aurais voulu parfois que le rythme s'accélère! Quel stress !)


Et puis, être capable d'écrire 300 pages sur une poignée de personnages, quelques poules et une vaste étendue d'eau, une espèce de huis clos à ciel ouvert avec la mer comme personnage principal. Chapeau !


J'ai d'ailleurs beaucoup aimé ce dépouillement qui tire le conte vers la tragédie (et c'en est une au fond!), d'ailleurs, la règle des trois unités est quasi respectée : temps, lieu, action. La tragédie du Déluge... Un texte qui, je l'espère, n'a rien de prophétique !


Je repense soudain aux témoignages des pauvres gens qui ont vu (ou voient encore!) leur maison inondée cet hiver. L'eau montait chaque jour. Un vrai traumatisme dont on se remet bien difficilement ! Il nous faudra certainement un jour ou l'autre prendre conscience du danger qui nous guette en changeant radicalement nos modes de vie. Cela, je crois, devient urgent !


Enfin, je suis sortie de toute cette eau vidée (rincée ah, ah!) pantelante, les jambes molles, les mains moites. Je n'ai pas trop le pied marin et suis en plus d'un naturel plutôt angoissé… Déjà, et pour d'autres raisons évidemment, Des nœuds d'acier m'avaient rendue insomniaque ! Quelle petite nature je fais !


Il va me falloir une lecture plus calme maintenant pour me remettre de mes émotions !


En tout cas, n'hésitez pas à vous plonger dans ce roman… Sensations garanties...


LIREAULIT http://lireaulit.blogspot.fr/

lireaulit
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le 21 févr. 2018

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