Jai été gênée par une sorte de traitement superficiel, attaché aux faits, à des détails, des moments. A lâcher les personnages dans un suspens, avec rien d'abouti, et les retrouver plus tard, sans vraiment me rappeler qui ils sont.
ça m'a légèrement perturbée dans ma lecture que ce soit des nouvelles tout en étant liées les unes aux autres (alors que pour d'autres écrivains ça fonctionnait bien). Le problème, dans Knockemstiff, c'est que tous les personnages ne pourraient en être qu'un seul. La même vie de merde, d'alcool, de drogue, de virées en bagnole pour s'occuper, de sexe crade, de caravane moisie, de boulots merdiques, de mariages forcés par le temps qui passe et l'enfant qui nait... Du coup, quand je passais à une autre histoire, j'essayais de trouver qui étaient les personnages, si je les avais déjà vus, et dans quel contexte. Parfois Pollock glisse une phrase ou deux qui aiguillent, quand il ne le fait pas, jsuis paumée, et j'arrive pas vraiment à m'imprégner de l'histoire en tant qu'unité propre.
Peut-être aurais-je dû laisser tomber, et les prendre comme des histoires distinctes ? Les lire de manière plus espacées ?
Peut-être aurais-je dû faire des allers-retours pour situer régulièrement qui est qui ?

Bref.
Pollock, je trouve, ne sait pas faire des nouvelles qui se tiennent dans un tout (des personnages d'un même bled, qui se croisent, qui vivent des expériences liées entre elles, voir qu'on retrouve quelques années plus tard). Un "vrai" roman aurait été plus fort.

En plus de cela, c'est très répétitif. Et dans une surenchère qui finit presque par rendre l'horreur de ces vies merdiques "faciles à exploiter".

Pourtant, quand je me laissais aller dans une histoire, à m’imprégner de l'atmosphère et des gens, d'un coup, je ne pouvais que reconnaître le talent de Pollock pour donner une gueule à ses personnages, pour installer un décor bien glauque, morbide. A avoir l'impression de sentir les sales odeurs des lieux où le désespoir et la mort sont prédominants. Avec ses gens qui parlent sans arrêt de partir, mais qui sont comme enchaînés à ce bled où les magasins vont fermer peu à peu, où le temps va en faire une ville fantôme d'elle-même.

Et puis Pollock utilise parfois des métaphores qui font mouche, un style très imagé qui te plonge immédiatement le nez dans la mélasse. A ne pas en sortir indemne.

Une Amérique sombre, sale, violente, qui broie les mœurs et pisse sur les lois. Qui a mal. Qui finira mal.
Queenie
7
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le 5 mai 2013

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Queenie

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