Le titre a le mérite d'annoncer la couleur : Kothar le barbare est un plagiat pur et simple des aventures de Conan. Qu'on en juge : il s'agit des aventures d'un barbare solitaire, dont les principales motivations sont l'appât du gain, la faim et les jolies filles, à peu près dans cet ordre. Notre héros est grand, jeune et musclé, et c'est un combattant émérite qui aura rarement recours à autre chose qu'à la manière forte pour résoudre ses problèmes, qui lui sont souvent causés par des magiciens – et il n'y a rien qu'il haïsse davantage que la magie. Si je vous dis qu'en plus, il vient de Cimm… Cumberie et qu'il jure fréquemment au nom de Cro… Dwallka, vous serez en droit de vous dire que Gardner Fox ne s'est pas vraiment foulé.
L'avantage, c'est qu'on ne s'attendra pas à de la grande littérature en ouvrant ce bouquin. C'est du pulp à 100 %, et complètement assumé en plus, sans la moindre trace d'ironie ou de second degré. Et c'est ma foi plutôt rafraîchissant : les trois nouvelles longues qui composent ce recueil se dévorent sans qu'on y prenne garde.
L'inconvénient, évidemment, c'est que ça ne vole jamais très haut. Le premier degré à outrance tue dans l'œuf toute possibilité de suspense, et l'univers et les personnages secondaires n'ont absolument rien de mémorable. Les pérégrinations de Kothar se résument plus ou moins à une alternance de scènes de combat plutôt bien tournées (un bon point pour Fox) et de scènes d'interactions sociales où l'on retrouve au choix un rappel de la supériorité du barbare sur le civilisé ou une démonstration de sexisme ahurissante par son outrance (Fox, tu me rends le bon point).
Mince, tous les personnages féminins sont décrits comme des morceaux de viande (j'ai assez vu le mot « croupe » pour l'année à venir) dont le héros est invité à faire ce que bon lui semble ! C'était déjà craignos dans les années 1930 et ça ne l'est pas moins trente ans plus tard, et le fait qu'il s'agisse d'un pastiche assumé n'excuse en rien la reprise des éléments les plus problématiques de l'écriture de Howard. Fox a d'ailleurs l'intelligence de ne pas reprendre le racisme grossier du Texan, c'est bien la preuve qu'il aurait aussi pu laisser de côté son sexisme.
Bref, même si ça se laisse lire, c'est très dispensable. Le traitement des femmes m'a bien fait rigoler, mais c'est quand même franchement problématique et je ne sais pas si j'aurais réagi de la même manière si j'en étais une. En tout cas, ça ne m'étonne pas qu'on se souvienne davantage de Fox pour son travail de scénariste chez DC Comics.