Tout est dans le titre.
Priest s'est prêté à un jeu littéraire à la sauce quantique. Le roman est de bout en bout intrigant, parfois déroutant, j'ai beaucoup aimé le style, les thèmes secondaires qui se raccrochent à chaque personnage (l'envol, la magie, etc) et le thème principal est bien traité, mais un roman comme celui-ci ne peut que me laisser sur ma faim.
Car il n'y a pas véritablement de conclusion ou plutôt, tout est conclusion, et tout ne l'est pas. Priest paraît avoir apprécié le principe quantique de simultanéité des états et l'utilise jusqu'au bout. Il nous propose plusieurs histoires de vie, à différentes époques, dans des univers parallèles, où l'on se demande sans cesse s'il s'agit des mêmes personnages (tant les scènes de rencontre se ressemblent dans ce livre tout en étant différentes) ou bien de nouveaux. Les initiales sont similaires, les contextes changent (bien qu'on se trouve souvent dans des endroits confinés, comme des véhicules).
L'amour est parfois mort (au début du livre) ou bien vivant (à la fin). Les héros sont en vie (au début) ou bien arrivent dans une sorte de paradis pour la conclusion mais aucune version ne l'emporte sur l'autre. À chaque fois, ce sont les deux faces d'une pièce qui sont montrées, pas forcément au même moment, mais avec une force égale.
L'auteur nous pousse dans l'histoire en semant des petits indices par-ci, par là, en cultivant notre frustration. L'Adjacent est la boite dans l'expérience théorique du chat de Shrödinger : notre esprit est titillé par le mystère de ce qu'il peut y avoir à l'intérieur, mais jamais réponse nous sera donnée, sous peine d'évincer la simultanéité.