L'Algèbre des anges - L'Âge de déraison, tome 2 par BenoitH

Dans la lignée du premier tome, ce volume manie tour à tour révélations et retournements de situation. La première partie est un peu mollassonne : deux ans se sont écoulés depuis le canon de Newton et il faut remettre les personnages en situation, les inscrire dans la durée. On retrouve avec plaisir les héros et on les suit avec curiosité, mais moins pour vibrer à leurs aventures que pour découvrir où ils vont nous emmener. Le recours à un troisième héros – le shaman Red Shoes – donne au départ l'impression de vouloir rallonger la sauce mais les découvertes de son équipage et les considérations théologiques qu'elles entraînent apportent un éclairage nouveau aux aventures de Benjamin et Adrienne. Surtout, elles préparent les troisième et quatrième tomes.
Les deux autres tiers de L'Algèbre des anges retrouvent quant à eux le souffle épique et scientifique du premier volume. Adrienne et Benjamin découvrent tour à tour de nouveaux éléments sur la réalité des malakim, leur rapport à l'histoire humaine, les factions qui les agitent. Là où ils subissaient l'Histoire, ils la créent. Tous deux sont conscients du destin qu'ils ont précipité sur le monde et œuvrent, chacun à leur mesure, à leur rédemption. Benjamin passe ainsi du jeune dandy à l'homme responsable, aidé en cela par une servante qui, à bien des égards, se montre plus intelligente que lui. Quant aux perspectives ouvertes par le monde éthéré d'Adrienne, elles augurent de spectacles hauts en couleurs, comme si la réalité pouvait être manipulée d'un simple claquement de doigts.
Le final est quant à lui bluffant. Le lecteur assiste à une bataille titanesque, opposant des puissances encore plus imposantes que dans Les Démons du Roi-Soleil. Le premier tome pouvait laisser une certaine frustration, le combat n'ayant pas été mené à son terme. Ici, au contraire, tous jettent leurs forces dans la bataille. Et malgré tout, les personnages demeurent désespérément humains, avec leurs doutes, leurs attachements et leur folie. Le maelstrom qui agite les troupes révèle toute l'ingéniosité des deux camps et la défaite a comme un parfum de mauvaise farce. Mais plus surprenant encore, elle donne lieu à un retournement de situation inattendu. Et, une fois encore, on se laisse emporter par le désir de poursuivre avec L'Empire de déraison.