"L'amour aux temps du choléra" c'est mon quatrième bouquin de Marquez, autant dire que je commence à cerner le bonhomme, au moins dans le style d'écriture et d'invention. Et ici pas de doute c'est bien un bouquin de lui, on retrouve un petit village typique, des personnages bien travaillés, de beaux habits, des morts farfelues et plein d'autre choses qui nous font aimer Marquez. Il y a aussi ces phrases, comme des fulgurances, dont j'aimerai me souvenir pour briller en société. Il n'y a rien à redire c'est beau.
Il n'y a qu'un problème, c'est qu'on s'ennuie. Le personnage sont ennuyants et peu propices à l'empathie, leurs aventures sont anecdotiques et le peu d'entrain que l'on obtient parfois s'éteint assez vite avec des rebondissements inattendus, certes, mais complètement incompréhensibles ou peu probables (Le coup du mariage de Fermina avec le Docteur reste encore pour moi un mystère). Je nuance un peu mes propos, il y a des passages (deux ou trois) où la frénésie de lecture s'empare de vous, l'action devient prenante, il y a du mouvement et les mots subliment enfin l'histoire. Ces deux trois moments sont superbes mais trop courts, à peine une dizaine, vingtaine de pages chacun, c'est peu. Il faut quand même y ajouter les dix dernières pages qui sont vraiment belles mais est-ce suffisant pour sauver le livre? A mon humble avis, non.
Comme je le dis dans le premier paragraphe, le style est beau, très beau, on prend plaisir à lire, mais le fond ne marque que trop rarement l'esprit (il me serait impossible de raconter toute les péripéties des protagonistes alors que je viens juste de finir le bouquin...) et ne semble juste là que pour soutenir une suite de petites phrases bien faites qui ponctuent le récit de bout en bout.
Ne connaissant pas vraiment la chronologie de la sortie de ses bouquins je me suis demandé si "L'amour au temps du choléra" n'était pas sorti avant "Cent ans de solitude". Car le procédé est le même, on suit sur une période plus ou moins longue la vie de personnages principaux avec une forte connaissance des personnages secondaires qui défilent tout le long du bouquin avant d'inlassablement revenir aux protagonistes principaux. Ce qui m'a fait penser que ce bouquin était antérieur à "Cent ans de solitude" c'est que l’échelle de temps est plus courte ici (une vie contre plusieurs génération) et le nombre de personnages plus réduit (2 voir 3 personnages principaux contre une famille entière) ainsi je pensais à un coup d'essai pour vérifier la capacité et faisabilité d'une oeuvre plus conséquente. Dans ce cas, je pense qu'il y aurait eu de l'indulgence dans mon avis sur ce bouquin. Mais que nenni! Presque vingt ans séparent ces deux livres! Et écrire ça après "Cent ans de solitude" c'est bien plus que de revoir ses ambitions à la baisse, c'est carrément de la sous production.
Je suis déçu, forcement. Sans attendre un chef d'oeuvre je ne cherchais pas non plus un ersatz de ce qui est, pour moi, son meilleur bouquin.
Je quitte ce petit village Colombien à la fois avec regret et soulagement. Regret de n'avoir pas eu une lecture aussi agréable qu'attendue et soulagement d'avoir enfin fini pour passer à une nouvelle histoire!