L'amphitheatre des morts

Résumé : "Ecrire sauve." L’amphithéâtre des morts exerce une fonction conjuratoire et salvatrice. En différant la mort, en la mettant à distance, il ôte au présent son angoisse, le prive de son urgence. Il ébranle la porte close d'un destin inéluctable ; il l'entrebâille en faisant jouer le temps hors de ses gonds. Le présent de 2018 a le temps derrière lui, celui de la mort vaincue à laquelle il fait un pied de nez, la pirouette de l'instant kierkegaardien; "ce désir de paraître en scène et de s'y faire entendre" dont parle l'auteur de La répétition, de "vouer au monde entier à tous les diables et tout régler par un entrechat" qu'il nous était arrivé dans L'âme atomique, d'associer à l'idée lucrécienne, et barthésienne aussi, de la dispersion, de la dissipation atmosphérique du sujet. En effet, il s'agit bien d'ôter à la mort sa pesanteur et son sérieux, de la rendre rassurante en s'y fondant.