Pour commencer on a une très belle édition des classiques jaunes, une bonne préface qui nous éclaire un peu sur le personnage Xénophon autant que sur l’expédition en elle même. Elle amène parfaitement le sujet et est d'autant plus indispensable que Xénophon entre comme à son habitude dans son récit directement. Les notes sont nombreuses et nous donnent des informations supplémentaires sans pour autant couper le récit, leurs à-propos et brièveté en sont la raison.
Le récit est passionnant, une fois entré, on ne peut s'arrêter avant d'avoir lu une bonne cinquantaine de pages. Entrecoupé de batailles plus ou moins épiques, d'explications sur de nombreux sujets, militaires, religieux, diplomatiques, culturels il nous tient en haleine jusqu'au bout. Peut-être pourrions nous regretter que Xénophon n'ait pas fait part de ses expériences militaires ultérieures mais celle-ci est de loin la plus exotique. Il faut imaginer ces quelques 13 000 mercenaires grecs marcher aux côté de Cyrus le Jeune contre un empire entier à leur insu. Cyrus ne s'est cependant pas trompé en les choisissant, ce sont les meilleurs guerriers de leur époque. Le monde grec vient de sortir de la guerre du Péloponnèse et à ses vétérans viennent s'ajouter de jeunes grecs en quête de gloire. Je pense qu'on peut faire un parallèle entre eux et le phénomène des conquistadors ou des vikings. Ces hommes qui quittent une terre natale en conflit perpétuel dans l'espoir d'obtenir gloire et richesses dans un monde mystérieux et inconnu. Xénophon le "philosophe" en fait partie lui aussi et bien qu'il n'apporte pas de précisions sur ses motivations à participer à l’expédition on devine entre les lignes une recherche de gloire ainsi que l'appât du gain. L'épisode des manœuvres militaires et de la charge simulée met particulièrement en valeur ces guerriers qui terrorisent un empire tout entier, il apparait aussi comme une prémonition de la bataille à venir avec la fuite massive des perses, il met enfin en valeur ce côté taquin des Grecs.
En somme de peur de raconter tout le bouquin je vais m'arrêter là, et sûrement le lire une seconde fois parce je n'ai jamais autant dévoré un bouquin.