L'Année du calypso par Chro
Par Bernard Quiriny
Extérieurement, L’Année du calypso a des allures de « petit roman », deux modestes centaines de pages au format poche, loin des 500 pages du précédent, Le Danseur russe de Monte Carlo, et plus loin encore de la trilogie (Ce royaume t’appartient, Palais lointains et Le navigateur endormi) qui a rendu Abilio Estévez célèbre, l’a fait considérer comme l’un des grands écrivains cubains vivants et lui a même valu, paraît-il, l’étiquette de « Proust des Caraïbes », ce qui est à la fois flatteur et encombrant. A supposer d’ailleurs que Proust compte parmi les auteurs de son Panthéon, il ne figure pas parmi les nombreux écrivains cités en exergue ou dans le texte de ce petit récit brûlant et sensuel, qu’on n’hésitera pas à ranger dans la catégorie des livres érotiques.
L’histoire se déroule dans la torpeur de l’été cubain, au milieu des années 1950. Le narrateur, Josàn, quinze ans, se prélasse dans le patio de la demeure familiale quand surgit inopinément le jardinier des voisins, « quasi hallucination au midi d’une journée pas comme les autres ». Il est grand, tout en nerfs, ruisselant de sueur, et il fait un effet inattendu au jeune homme qui, dès lors, n’aura de cesse d’explorer cette zone de l’existence jusqu’alors inconnue de lui : la langueur des corps et la volupté des sens. (...)
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