L’appel du sol
En 1916, Adrien Bertrand, s’est vu attribué le Prix Gongourt 1914. Il est un des premiers à avoir publié un récit sur ce qu’on nomme parfois la grande guerre mais qui fut, avant tout, une grande boucherie.
L’appel du sol est marqué par le récit des mouvements, déplacements, construction des abris, des tranchées et puis des attaques, replis et, de nouveau, assauts.
Adrien Bertrand, on le devine, s’identifie aisément à son héros, Vaissette, petit normalien agrégé de philosophie. A travers lui, il va nous faire découvrir, la fleur au fusil, l’exubérance de ces soldats qui répondaient à l’appel du sol, ce territoire français qui, parfois, les nourrissait à peine mais qu’ils étaient heureux et fiers de vouloir défendre.
Et puis, la guerre s’installe, la vie reste marquée du sceau de la volonté de gloire et de défense du pays mais le quotidien s’alourdit, il bascule dans l’horreur. Les têtes et les corps ne dansent plus à l’unisson. Les corps sont broyés par la machine de guerre, les esprits s’interrogent sur le sens de ce qui advient.
Entre les coups de bravoure, les coups de folie selon qu’on est de la troupe ou d’un poste de commandement à l’arrière, la vie stagne, le temps pèse et toujours la tête pense… Pourquoi cette guerre ? A quoi rime-t-elle ? Qu’est-ce qui pousse à tenir, à tenir encore ?
Lire l’appel du sol en 2020, qui plus est un jour de fête nationale, n’a de sens que si on s’interroge sur ce qu’on doit à nos aînés mais aussi sur ce qu’il nous faut construire pour éviter de revivre cela.
Le texte porte l’empreinte de son temps et des discours patriotiques d’alors. Je ne peux qu’être partagé à la lecture de ce récit. Respect pour ceux qui ont tout donné pour la Liberté, l’Honneur et le maintien de leur Pays ! Mais aussi tristesse pour tant de gâchis, de violence, de boucherie immonde.
La vraie grandeur d’un pays se mesure-t-elle à ses victoires guerrières et sanguinolentes ou aux victoires gagnées pour la construction d’une Paix et d’un Monde durables ?
Livre lu dans le cadre du défi littéraire de Madame lit.