Il flotte une atmosphère humide dont Raciwz écrit qu'elle lui avait indiqué l'approche du lac et qu'elle rend les gens mélancoliques quand ils vivent longtemps au bord de l'eau. La mélancolie est une fleur que j'aime. Elle est un sentiment suranné que les habitants des villes modernes de l'Ouest ont troqué contre l'angoise. Sans doute la mélancolie etreint-elle immanquablement l'âme d'un russe quand il s'installe sur la rive d'une masse d'eau place et potable.
Je fais une halte sur la berge. Devant mois, six cent kilomètres de rives sauvages et, au bout, la Mongolie.
J'ai particulièrement aimé ce récit de voyage. Sylvain Tesson decrit magniquement la diversité géographique des lieux qu'il traverse, des goulags au Baïkal, du Gobi au Bengale. Il le fait sans fard, humblement, ce qui en 2019 renvoie a l'état d'esprit de ce jeune écrivain a l'époque encore peu célébré.
J'ai aimé la sincérité des sentiments inspirés par le décor et la description brute mais non exagérée de la mélancolie isolante qui commence à poindre et le poussera vers sa cabane d'ermite quelques années plus tard.
Enfin, la référence permanente a la marche de Rawicz apporte une touche tragique à ce voyage, dont les plaines et les forêts traversées conserveront la marque indélébile de l'aventure réelle des échappés des centres concentrationnaires.