A lire en période de tourmente, de grand froid, comme celle que nous connaissons exceptionnellement ces jours-ci, « L’écho des morts » de THEORIN est un roman qui s’apparente au polar sans vraiment s’y conformer. L’enquête de police y apparaît comme très secondaire. Ce qui prime, c’est l’incursion dans une vie au bord de la Baltique, dans un temps qui n’avance pas et un climat hors du commun.
Auteur des grands froids et des climats insolites, Johan THEORIN nous entraîne, cette fois encore, sur l’île d’Öland. Même par des températures bien en-dessous de zéro, entre -5° et -10° chez nous, comment réaliser les conditions de vie dans ces régions battues par la neige, le vent, le froid ? Chez THEORIN, la tourmente a quelque chose de sinistre et de mystérieux qui donne corps aux personnages et participe au déroulement de l’histoire.
On a, dans ce récit, une famille qui quitte la Stockholm, laissant une villa magnifiquement rénovée pour aller s’implanter à Aludden dans un bâtiment vieux de deux siècles où tout est à refaire, perdu au-delà de tout bourg civilisé, dans les grands froids désertés d’une Suède du bout de tout. Un suicide social ? C’est que Joakim et Katrin Westin ont connu une vie difficile dans cette villa des pommiers qu’ils abandonnent. Avec leurs enfants Livia et Gabriel, s’exporter dans un nouveau monde est peut-être la seule manière de se reconstruire…
Mais si, en été, la région peut apparaître sauvage mais belle, lumineuse et même hospitalière, dès l’automne, et plus encore en hiver, cette terre de glace, de tourbières et de congères fait perdre tous ses repères, même aux résidents de longue date. Au pied des deux phares, Joachim se battra pour vivre, donner du sens à l’histoire qui est devenue la sienne depuis qu’il y a perdu Katrin, son épouse noyée. Avec ses deux enfants, aidé par Gerdof, l’ancien qui deviendra son ami, il apprivoisera l’écho des morts, ses propres fantômes et tous ceux qui peuplent cette grève qui a connu bien des tourmentes et de trop nombreux naufrages. Car, selon la légende, les morts de l’année se retrouvent à Noël …
L’écriture de THEORIN est, une fois de plus, une écriture sensible aux sentiments vécus par ses personnages. En jouant avec la complexité des histoires du présent et de celles du passé, l’auteur nous guidera petit à petit vers un dénouement qui, sans être bouleversant, ne s’était tout de même pas annoncé plus que de raison. Un agréable roman, classé ‘par défaut’ dans les polars suédois.